Des pièces de grande valeur pointées du doigt
Le journal recense plus d’une vingtaine de bijoux dont la valeur unitaire dépasse les 10 000 euros, seuil à partir duquel la HATVP exige une déclaration. Parmi les objets mentionnés : une montre Chopard à 32 000 euros, un bracelet Cartier à 29 000 euros, des bagues Buccellati et d’autres parures de prestige. Le tout constituant un véritable trésor, selon les termes employés dans l’enquête.
Selon Libération, si l’on ajoute les pièces de moindre valeur, le total pourrait dépasser 500 000 euros. Les journalistes affirment que ces bijoux ont été offerts entre 2017 et 2023 par Henri Proglio, ancien PDG d’EDF et compagnon supposé de la ministre.
Une réglementation stricte sur les déclarations
Depuis la création de la HATVP en 2013, chaque responsable public est tenu de déclarer les biens mobiliers supérieurs à 10 000 euros. Cela inclut les bijoux, œuvres d’art, meubles de collection, etc. Ne pas le faire peut constituer un délit punissable de trois ans de prison, 45 000 euros d’amende, et jusqu’à 10 ans d’inéligibilité.
Les deux déclarations de patrimoine de Rachida Dati, effectuées en mars et juin 2024, mentionnent pourtant « néant » à la ligne concernant les objets de valeur. Une omission qui fait réagir, alors même que la ministre avait déjà indiqué un patrimoine d’environ 5,6 millions d’euros, réparti entre biens immobiliers en France et au Maroc, assurances-vie et épargne.
Une affaire judiciaire déjà en cours
Cette nouvelle affaire vient s’ajouter à une autre plus ancienne : le Parquet national financier (PNF) a requis fin 2024 un procès pour corruption et trafic d’influence. L’objet de l’enquête concerne des honoraires de 900 000 euros reçus entre 2010 et 2012 de la part d’une filiale de Renault-Nissan, alors que Rachida Dati siégeait au Parlement européen. Le dossier est toujours entre les mains des magistrats.
Dati plaide la vie privée
Du côté de la ministre, les avocats restent fermes : ils assurent que leur cliente est « parfaitement en règle avec ses obligations ». Pour eux, les informations sur ces bijoux, qu’ils soient avérés ou non, relèvent de la vie privée. Ils réfutent toute volonté de dissimulation.
Ce n’est pas la première fois que des ministres sont dans cette situation. Alain Griset ou encore Caroline Cayeux ont dû quitter leurs fonctions suite à des déclarations jugées incomplètes. L’ombre de la jurisprudence Cahuzac, à l’origine de la création de la HATVP, plane toujours sur la vie politique française.
Un timing délicat pour la ministre de la Culture
Cette affaire tombe mal pour Rachida Dati. Elle intervient alors qu’une nouvelle séance du Conseil de Paris vient de s’ouvrir, relancçant les tensions entre la ministre et la majorité municipale. D’autant que l’image de transparence devient un enjeu crucial, dans un contexte où la méfiance envers les figures politiques ne cesse de croître.
Pour les jeunes générations qui suivent la politique, cette histoire donne l’impression d’un deux poids, deux mesures, où les règles ne s’appliquent pas de la même façon à tout le monde. Et dans une période où les inégalités sont de plus en plus visibles, ce genre de révélation ne passe pas inaperçu.