Ces médicaments, qui incluent l’alprazolam, le bromazépam, le lorazépam, ou encore des hypnotiques comme l’Imovane ou le Stilnox, sont principalement prescrits par des médecins généralistes.
Des risques souvent sous-estimés
Le docteur Philippe Vella, de l’ANSM, rappelle que ces médicaments, bien que efficaces sur le court terme, entraînent des effets secondaires importants. Parmi les plus fréquents : somnolence, troubles de la mémoire, perte d’équilibre et dépendance.
Ces effets peuvent être amplifiés chez les personnes âgées ou lors d’une prise prolongée. Or, selon l’agence, 3,6 millions de patients reçoivent des prescriptions trop longues, parfois pendant des années.
Pris en association avec de l’alcool ou d’autres substances, ces traitements peuvent altérer la vigilance au point de provoquer des accidents. Ils sont même à l’origine de la majorité des accidents de la route liés à des médicaments, selon Mehdi Benkebil de l’ANSM.
Cela pose particulièrement problème chez les moins de 30 ans, dont seulement 23 % ont conscience des dangers en lien avec la conduite.
Une alerte spéciale pour les jeunes
Les prescriptions de benzodiazépines ont bondi de 25 % chez les moins de 19 ans entre 2017 et 2023. Pire encore : elles ont augmenté de 40 % chez les jeunes filles de cette tranche d’âge.
Chez les 18-25 ans, le phénomène de détournement à usage récréatif est très marqué. Ces médicaments sont parfois mêlés à des opioïdes ou à d’autres drogues comme la MDMA et la kétamine, dans des « sucettes de fête ».
Les benzodiazépines sont aussi utilisées dans des contextes criminels. Le Temesta, par exemple, a servi dans plusieurs cas de soumission chimique, y compris dans des histoires de violences sexuelles planifiées.
Cette utilisation détournée pousse l’ANSM à renforcer sa communication sur les dangers même en dehors d’un usage médical strict.
Une campagne de prévention sur les réseaux sociaux
Pour toucher les plus jeunes, l’agence a collaboré avec des influenceurs sur TikTok et Instagram. Des vidéos courtes, des affiches et des messages clairs sont diffusés pour encourager les alternatives non médicamenteuses : sport, méditation, thérapies cognitives, etc.
L’objectif est de casser la banalisation de ces traitements et de rappeler qu’ils ne doivent être utilisés que sur de courtes durées : 12 semaines maximum pour l’anxiété, 3 semaines pour l’insomnie.
Des alternatives à présenter dès la première consultation
Les médecins sont encouragés à explorer d’autres solutions dès le début du suivi : relaxation, accompagnement psychologique, hygiène du sommeil, voire activité physique régulière. Des petits conditionnements de cinq comprimés ont même été mis en place pour limiter les prescriptions longues.
Les benzodiazépines coûtent chaque année plus de 100 millions d’euros à l’Assurance maladie. Près de 30 millions pourraient être économisés si les prescriptions étaient réalisées dans le respect des recommandations.
Cette campagne veut à la fois sauver des vies et sensibiliser sur les bons usages, pour éviter des drames silencieux trop fréquents.
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