Son éditeur en langue anglaise, Vauban Books, a confirmé l’information, précisant que l’auteur de 78 ans devait aussi répondre à une invitation de la célèbre Oxford Union pour un débat prévu au printemps.
La procédure et les conséquences pour Renaud Camus
Depuis peu, tous les voyageurs étrangers doivent obtenir une ETA pour entrer au Royaume-Uni. Dans son cas, le rejet implique qu’il doit désormais faire une demande de visa s’il souhaite reconsidérer son projet de voyage. Toutefois, rien ne garantit qu’une demande de visa sera acceptée.
La situation complique non seulement ses projets politiques, mais aussi ses engagements intellectuels au Royaume-Uni. Le Homeland Party a rapidement dénoncé une attaque contre la liberté d’expression et une censure politique.
Sur les réseaux sociaux, Renaud Camus a ironisé en déclarant :
Je serais bien allé en Angleterre malgré l’interdiction, mais ça m’ennuierait de donner au président Macron et à son ministre des Affaires étrangères le souci d’un deuxième écrivain français octogénaire emprisonné dans un pays musulman.
Une référence directe à l’affaire Boualem Sansal, écrivain algérien condamné à de la prison en 2024.
Son éditeur, Vauban Books, n’a pas mâché ses mots. Il a dénoncé « l’abandon des principes fondamentaux de la démocratie libérale » par le Royaume-Uni et a qualifié Camus de « grand écrivain vivant », regrettant que sa voix soit ainsi censurée.
Qui est Renaud Camus ?
Renaud Camus s’est fait connaître du grand public en théorisant ce qu’il appelle le grand remplacement, une idée expliquant que les populations européennes seraient progressivement remplacées par des populations issues de l’immigration non-européenne. Cette notion a été largement reprise et déformée par de nombreux mouvements politiques, notamment à l’extrême droite.
Avant de devenir une figure controversée, Renaud Camus était un écrivain proche de la gauche culturelle française et un militant actif pour la cause homosexuelle. Il vit aujourd’hui retiré dans un château du Gers, d’où il continue de publier des essais et d’alimenter ses réseaux sociaux.
Son influence et ses polémiques
Le terme de grand remplacement est devenu un slogan dans de nombreux discours anti-immigration en Europe et ailleurs. Cette théorie a même été citée par Brenton Tarrant, auteur de l’attentat contre deux mosquées en Nouvelle-Zélande en 2019. Camus avait rapidement pris ses distances avec cet acte terroriste.
En 2014, il a été condamné pour provocation à la haine après des propos visant la communauté musulmane. Il avait décrit les musulmans comme des « soldats » ou des « colonisateurs », des déclarations qui lui ont valu de lourdes critiques en France comme à l’étranger.
Pourquoi cette interdiction suscite autant de débats ?
Le cas de Renaud Camus relance une réflexion sur la liberté d’expression et ses limites, notamment lorsqu’il s’agit de discours potentiellement haineux ou clivants. Certains estiment que l’interdire d’entrer au Royaume-Uni porte atteinte à ses droits fondamentaux, tandis que d’autres justifient cette décision par la volonté de préserver l’ordre public.
Le Royaume-Uni, déjà très vigilant sur les questions migratoires et d’extrémisme, semble vouloir éviter toute prise de parole publique pouvant attiser des tensions dans une société marquée par de fortes divisions.
Le contexte politique britannique
Cette décision intervient alors que le gouvernement de Keir Starmer est régulièrement critiqué pour sa gestion des questions migratoires. Renaud Camus lui-même a pointé du doigt ce gouvernement, l’accusant d’avoir « massivement contribué à l’immigration incontrôlée » en Europe.
Le débat autour de cette affaire montre à quel point les sujets liés à l’immigration, à la liberté d’expression et aux frontières nationales restent sensibles, autant en France qu’au Royaume-Uni.
