Une émission populaire, des coulisses sous pression
Depuis sa création en 2009, C à vous s’est imposé comme un rendez-vous incontournable de la télévision française. Installée dans un loft convivial et portée par Anne-Élisabeth Lemoine et son équipe, l’émission rassemble chaque jour plus d’un million de téléspectateurs sur France 5. Pourtant, derrière l’ambiance décontractée des plateaux, la réalité serait bien plus sombre.
Des anciens collaborateurs et salariés actuels décrivent une atmosphère pesante où la pression quotidienne pousse à bout les équipes. Entre burn-out, arrêts maladie répétés et départs précipités, le malaise est profond. Une ex-journaliste évoque un fonctionnement à flux tendu et un traitement des employés jugé « déshumanisant ».
Harcèlement moral et rivalités internes
Plusieurs témoignages rapportent des scènes d’humiliation publique, des reproches incessants et l’usage de surnoms dégradants en interne. Une cheffe d’édition aurait été licenciée de manière brutale dès janvier 2023, laissant un climat de peur s’installer dans toute la rédaction. Les rivalités entre membres de l’équipe sont également pointées du doigt, nourrissant une ambiance délétère où chacun semble craindre pour sa place.
Anne-Élisabeth Lemoine, surnommée « Babeth », est citée pour ses accès de colère et un langage particulièrement cru en dehors de l’antenne. Certains collaborateurs évoquent une pression constante exacerbée par l’absence de répétitions avant les tournages, aggravant le stress d’une émission diffusée en direct.
La nomination controversée de Mohamed Bouhafsi
La promotion de Mohamed Bouhafsi, chroniqueur de l’émission devenu directeur général adjoint en charge du développement des programmes, a généré de nouvelles crispations. Sa proximité avec certaines sphères politiques, notamment avec le président Emmanuel Macron, ainsi que sa présence jugée irrégulière, sont mal perçues en interne. Certains dénoncent un traitement de faveur qui a renforcé les divisions existantes.
Le fonctionnement de l’équipe semble aujourd’hui éclaté entre différents groupes, chacun protégeant ses intérêts dans une ambiance tendue. Cette fracture interne complique encore davantage le quotidien d’une rédaction déjà sous pression permanente.
Une tentative de réponse de la direction
Face à la multiplication des témoignages négatifs, la direction de Mediawan, maison mère de Troisième Œil, a décidé de mandater un cabinet de ressources humaines externe, Alterhego, pour réaliser un audit sur la qualité de vie au travail. Les salariés ont été invités à participer sur la base du volontariat, avec la promesse d’une confidentialité totale dans le traitement des témoignages.
Si certains voient dans cette initiative une opportunité de libérer la parole, d’autres restent sceptiques quant à la capacité réelle du cabinet à comprendre les spécificités d’une émission télévisée quotidienne. La confiance envers la direction, déjà entamée, semble difficile à restaurer sans changements profonds dans la gestion des équipes.
Des répercussions sur les émissions
Si à l’écran C à vous et C l’hebdo gardent leur image souriante, certains observateurs remarquent une légère baisse d’énergie, des imprécisions et un manque de fluidité dans les enchaînements. Le stress des coulisses semble commencer à transparaître sur le plateau, au détriment de la spontanéité qui faisait la force des programmes.
Ce qui se passe dans les coulisses de ces deux émissions n’est malheureusement pas un cas isolé dans l’univers de la télévision. Pression permanente, sous-effectifs, logique de rentabilité : autant d’éléments qui favorisent des environnements de travail délétères, au risque de briser la passion des équipes.
Nombreux sont ceux qui espèrent que cet audit marquera un tournant et permettra de restaurer un climat plus sain. Le respect, la reconnaissance du travail accompli et une meilleure organisation du travail sont les principales attentes exprimées par les employés. Reste à voir si la direction sera prête à en tirer toutes les conséquences.