Dans la vidéo, les trois dirigeants sont en train de discuter, en tee-shirts sobres, dans un wagon cosy. À un moment, un objet blanc est visible près du président français. Certains internautes ont immédiatement affirmé qu’il s’agissait d’un sachet de drogue, voire qu’une cuillère à cocaïne était posée à côté du chancelier allemand.
Un compte conspirationniste a publié la vidéo avec la légende : « La coke va décider de la Troisième Guerre mondiale ». D’autres comptes pro-russes ont repris l’info, l’utilisant pour alimenter l’idée que les élites occidentales seraient décadentes et totalement déconnectées des enjeux réels du conflit en Ukraine.
La version haute définition des images, diffusée par AFP et AP, montre pourtant tout autre chose. Le fameux « sachet blanc » n’est en réalité qu’un mouchoir froissé, déjà présent sur la table avant même l’arrivée de Keir Starmer dans la cabine. La supposée « cuillère à cocaïne » est en fait une simple touillette en bois, semblable à celles qu’on trouve dans tous les trains de nuit.
Les vidéos n’indiquent aucun geste suspect de la part de Macron ou de ses homologues. Leur attitude semble normale, voire détendue. À aucun moment il n’est question de drogues ou de comportements déplacés.
Cette affaire montre une nouvelle fois à quel point les images de mauvaise qualité peuvent être instrumentalisées. En ralentissant ou en zoomant de manière excessive, certains comptes fabriquent de fausses preuves visuelles. Il suffit d’un geste anodin, d’un objet flou, et l’imagination fait le reste.
Les comptes à l’origine de cette rumeur sont souvent liés à des sphères complotistes, pro-russes ou antieuropéennes, qui cherchent à décrédibiliser les dirigeants occidentaux en pleine guerre en Ukraine. On retrouve les mêmes procédés qu’avec les fausses accusations de doubles, de clones ou de réunions secrètes d’élites droguées.
Pourquoi cette rumeur a pris ?
Le contexte joue beaucoup. Le voyage à Kyiv s’est fait dans une relative discrétion, avec des images partagées a posteriori, ce qui a laissé la place aux théories floues. De plus, les trois dirigeants se montrent proches et détendus, ce qui peut trancher avec l’image attendue d’un sommet de crise. Pour certains internautes, cela suffit à parler de « fête entre copains sous coke ».
La présence de Florian Philippot, relayant les rumeurs, ou encore la prise de parole de Maria Zakharova, porte-parole du Kremlin, montrent à quel point l’affaire a été gonflée politiquement. On y lit clairement une tentative d’instrumentalisation géopolitique, dans un contexte de tension maximale entre la Russie et les alliés de l’Ukraine.
Un classique de la désinformation contemporaine
Les fausses polémiques de ce genre s’inscrivent dans une stratégie bien rodée : utiliser l’apparence de preuves visuelles, diffuser en boucle via des comptes relais, et forcer la surinterprétation collective. Cette affaire Macron-cocaïne n’est qu’un exemple parmi d’autres, dans une époque où l’image brute ne suffit plus à faire foi.
La vitesse à laquelle ces récits circulent, leur impact émotionnel, et leur capacité à détourner l’attention de l’essentiel sont autant de symptômes d’un climat numérique tendu, dans lequel la rumeur va souvent plus vite que la vérité.
Ce qu’il faut retenir
- Aucune preuve réelle de consommation de cocaïne n’existe dans cette affaire.
- Le sachet blanc était un mouchoir, la cuillère une touillette en bois.
- L’affaire a été instrumentalisée par des comptes conspirationnistes et politiques.
- Il s’agit d’une désinformation visuelle, courante dans les conflits internationaux.
- L’objectif est clair : déstabiliser et décrédibiliser les dirigeants occidentaux.