Un milliardaire qui veut tout donner
Bill Gates a annoncé qu’il allait léguer presque toute sa fortune à la fondation qu’il a créée avec son ex-épouse Melinda. Cette annonce impressionne autant qu’elle interroge : pourquoi un des hommes les plus riches de la planète décide-t-il de donner 99 % de ses 114 milliards de dollars ?
Pour lui, ce geste n’est pas exceptionnel, mais logique. Il estime que les grandes fortunes ont une responsabilité envers la société. Il veut faire en sorte que, d’ici 2045, sa fondation ait investi au moins 200 milliards de dollars pour soutenir les causes qu’il juge les plus urgentes.
Objectifs clairs et calendrier précis
Le programme est structuré. La Bill & Melinda Gates Foundation est censée cesser ses activités en 2045. D’ici là, elle va concentrer ses efforts sur trois axes majeurs :
- Réduire les décès d’enfants et de mères liés à des causes évitables.
- Lutter contre les maladies infectieuses, comme le paludisme, la rougeole ou encore le VIH.
- Soutenir les populations les plus pauvres, en leur donnant accès à la santé, à l’éducation et à des revenus durables.
Gates ne veut pas que sa fortune dure éternellement dans un fonds : il préfère tout utiliser maintenant, tant qu’il est encore temps d’agir.
Un milliardaire… mais pas pour longtemps
Même en donnant 99 % de sa richesse, Bill Gates restera encore multimilliardaire. Mais pour lui, le but n’est plus d’accumuler, mais de rendre. Il explique dans une note personnelle que ce qu’on dira de lui à sa mort ne devrait jamais être : « Il est mort riche ».
C’est un choix assumé et urgent, qu’il relie à l’idée de philanthropie défendue par d’autres, comme Andrew Carnegie, ou encore Warren Buffett, son ami proche. Buffett, lui aussi, a prévu de donner la majorité de sa fortune et a déjà contribué pour plus de 30 milliards à la fondation Gates.
Un engagement qui ne date pas d’hier
Depuis sa création en 2000, la fondation a déjà distribué plus de 100 milliards de dollars à des projets dans le monde entier. Parmi les actions les plus marquantes, on trouve :
- La mise au point d’un vaccin contre le rotavirus, qui a réduit les décès liés à la diarrhée infantile de plus de 70 %.
- Le soutien au fonds mondial contre le sida, la tuberculose et le paludisme.
- Le financement d’alliances pour la vaccination dans les pays pauvres.
Ces actions montrent une volonté de résultats mesurables, pas juste des promesses ou des effets d’annonce.
Un retrait progressif, mais sans pause
À bientôt 70 ans, Bill Gates continue de travailler quotidiennement pour sa fondation. Il a quitté la direction de Microsoft depuis longtemps, mais il n’envisage toujours pas de retraite. Il cite même Warren Buffett, qui n’a officiellement pris la sienne qu’à 94 ans.
Il reste critique envers ceux qui réduisent leur participation aux efforts humanitaires. Il a notamment pointé du doigt le recul des aides publiques, notamment aux États-Unis, en France ou au Royaume-Uni. Pour lui, ce désengagement est dangereux, car il fragilise des projets essentiels pour les pays les plus vulnérables.
Une fondation qui va se transformer
D’ici 20 ans, la fondation Gates va non seulement investir massivement, mais aussi modifier son mode de fonctionnement. Elle n’aura plus vocation à exister après la mort de ses fondateurs. Le but est clair : tout donner, tout de suite. Cette logique de philanthropie à durée limitée gagne du terrain chez les très grandes fortunes.
Le PDG de la fondation, Mark Suzman, partage cet état d’esprit. Il appelle les autres milliardaires à accélérer leurs dons, en particulier face aux défis amplifiés par les crises récentes, comme celle du COVID ou le retour de la pauvreté dans certaines régions du globe.
