Le but est simple : améliorer la transparence, garantir une qualité minimale et permettre aux futurs étudiants de s’orienter en toute confiance. Car aujourd’hui, des milliers de formations sont proposées sur Parcoursup, mais toutes ne se valent pas. Beaucoup sont sérieuses, d’autres beaucoup moins.
Deux niveaux de reconnaissance pour filtrer les établissements
Le système prévu par le gouvernement repose sur deux niveaux de labellisation, qui concerneront les établissements dans leur ensemble, et non plus seulement les formations individuelles.
Le premier cercle : les établissements d’intérêt général
Ce premier niveau inclura les établissements considérés comme relevant du service public de l’enseignement supérieur. On y retrouvera :
- les universités publiques
- les grandes écoles publiques
- les EESPIG (établissements privés à but non lucratif reconnus d’intérêt général)
Ces écoles respectent des critères exigeants : mixité sociale, adossement à la recherche, gouvernance stable, suivi des étudiants, etc. Elles pourront continuer à apparaître sur Parcoursup et bénéficier d’un soutien financier public.
Le deuxième cercle : les établissements agréés
Ce niveau s’adresse aux écoles privées, à but lucratif ou non, qui ne remplissent pas toutes les missions de service public mais dont la qualité a été reconnue par l’État.
Pour rester visibles sur Parcoursup, ces établissements devront obtenir un agrément officiel, basé sur des critères de qualité, comme :
- l’accompagnement des étudiants
- la transparence des frais
- la pertinence des formations
- les débouchés professionnels
Les écoles qui ne respectent pas ces critères n’apparaîtront plus sur la plateforme. Une période de transition jusqu’en 2027 est prévue pour permettre aux établissements de se mettre en conformité.
Une croissance du privé mal encadrée
Le gouvernement ne cache pas les raisons de cette réforme. Depuis plusieurs années, le secteur privé explose, avec des chiffres qui parlent d’eux-mêmes :
- près de 25 000 formations référencées sur Parcoursup
- 44 % d’entre elles proposées par le privé
- plus d’un quart des étudiants français inscrits dans des écoles privées
Ce développement a été accéléré par la réforme de l’apprentissage de 2018, qui a facilité la création de nouvelles formations, parfois au détriment de la qualité.
Des dérives mises en lumière
Cette expansion rapide s’est accompagnée de nombreuses critiques. Le ministre Philippe Baptiste évoque lui-même des coûts exagérés, une information floue sur les programmes, des débouchés mal identifiés, et une qualité très variable.
Des cas concrets ont été dénoncés récemment, notamment dans le livre Le Cube de la journaliste Claire Marchal, qui s’intéresse aux pratiques du groupe Galileo, un acteur majeur de l’enseignement supérieur privé. Elle y décrit :
- des frais de réservation non remboursables
- des cours annulés ou écourtés
- des salles surchargées
- une logique de rentabilité avant tout
Ces dérives ne sont pas isolées. Elles reflètent un problème plus global : trop d’écoles privées peu régulées, qui recrutent sans garantir un bon niveau d’enseignement.
Parcoursup, futur garant de la qualité ?
Avec cette réforme, le gouvernement veut que Parcoursup devienne un espace de confiance pour les lycéens. C’est pourquoi seules les formations labellisées y seront visibles à terme. L’objectif : faire de Parcoursup un véritable gage de qualité pour les familles.
Le label ne sera plus juste un détail administratif : il deviendra une condition d’accès à la plateforme, mais aussi aux financements publics, notamment pour l’apprentissage.
Les écoles non labellisées auront toujours le droit d’exister, mais elles devront recruter leurs étudiants en dehors de Parcoursup, sans bénéficier des mêmes avantages.
Une réforme qui passera par la loi
Pour que cette labellisation ait un vrai impact, un projet de loi est prévu d’ici septembre. Il devra adapter le Code de l’éducation et le Code du travail, afin de mieux encadrer les pratiques des établissements privés.
Deux propositions de loi sont déjà prêtes, portées par des députés de différentes tendances politiques, preuve que le sujet dépasse les clivages. Le ministère prévoit également des concertations avec les acteurs du secteur pour construire un système clair, juste et applicable.
Un signal fort pour les étudiants
Cette nouvelle labellisation pourrait changer profondément le paysage de l’enseignement supérieur en France. Elle permettra aux étudiants de mieux identifier les écoles fiables, de comparer les offres plus facilement, et de faire des choix éclairés.
Le message est clair : toutes les écoles ne se valent pas. Et si elles veulent être sur Parcoursup, elles devront le prouver.