Une croissance inédite du nombre de millionnaires
D’après le World Wealth Report du cabinet Capgemini, le nombre de millionnaires a bondi à 23,4 millions à l’échelle mondiale, soit une augmentation de 2,6 % sur un an. Sont considérées comme millionnaires les personnes possédant plus d’un million de dollars d’actifs financiers disponibles, hors résidence principale.
Cette évolution marque un record absolu depuis le début des études annuelles menées en 1997. Elle est accompagnée d’un autre record : la fortune globale de ces individus atteint 90 500 milliards de dollars, en hausse de 4,2 % par rapport à l’année précédente.
Le segment des « ultrafortunés » – ceux qui disposent de plus de 30 millions de dollars – affiche la croissance la plus marquée, avec +6,2 %. Cela illustre une tendance de fond : la richesse ne s’élargit pas seulement, elle se concentre.
Les États-Unis toujours en tête
Sans surprise, les États-Unis tirent les chiffres vers le haut. 562 000 nouveaux millionnaires ont été recensés en 2024, soit une hausse impressionnante de 7,6 %. Cela porte à 7,9 millions le nombre de millionnaires dans le pays.
Cette hausse s’explique en grande partie par la flambée des marchés boursiers : Nasdaq, Dow Jones et S&P 500 ont battu tous leurs records. L’économie américaine a mieux résisté que prévu, boostée par une confiance renouvelée dans les technologies et l’essor de l’intelligence artificielle.
Une Europe en perte de vitesse
En contraste, l’Europe voit ses statistiques reculer. Le continent perd 2,1 % de ses individus fortunés. La France, à elle seule, compte 21 000 millionnaires en moins sur l’année. L’Allemagne et le Royaume-Uni affichent également des baisses importantes.
Plusieurs causes expliquent ce déclin : stagnation économique, instabilité politique, et chute des valeurs du luxe en Bourse. Des géants comme LVMH ou Kering ont vu leur capitalisation reculer fortement, ce qui a pesé sur le portefeuille des plus riches.
Malgré cette baisse générale, le nombre d’ultrafortunés a progressé de 3,5 % en Europe. Cela signifie que les plus riches deviennent encore plus riches, tandis que la « classe millionnaire » classique perd du terrain.
Des contrastes marqués en Asie-Pacifique
Dans la zone Asie-Pacifique, la tendance est globalement positive avec +2,7 %, mais les résultats sont très contrastés. La Chine recule légèrement (-1 %), tandis que le Japon et l’Inde affichent chacun une croissance de 5,6 %.
Ces chiffres traduisent l’impact des politiques économiques locales, mais aussi l’attractivité des investissements dans les technologies, les infrastructures et les marchés émergents.
Vers une nouvelle génération de fortunés
Au-delà des chiffres bruts, une autre tendance se dessine : la transmission massive de richesse entre générations. D’ici 2045, près de 83 500 milliards de dollars devraient être hérités. Ce phénomène donnera naissance à une nouvelle génération de millionnaires, plus jeunes, plus connectés, et souvent plus enclins à diversifier leurs investissements (crypto, private equity, placements alternatifs).
Les gestionnaires de patrimoine doivent déjà s’adapter à cette mutation. 81 % des nouveaux millionnaires envisagent de changer d’établissement financier, en quête de conseils plus personnalisés et de technologies adaptées à leurs attentes.
Le rôle de l’intelligence artificielle devient central. Non seulement elle a boosté les marchés, mais elle est aussi devenue un outil d’analyse incontournable pour les nouveaux riches. Elle permet une meilleure gestion du patrimoine, des prévisions plus fines et une relation client optimisée, sans pour autant remplacer le rôle du conseiller humain.
Une richesse qui interroge
Ce record de richesse mondiale soulève aussi des questions sur les inégalités. Alors que les millionnaires sont toujours plus nombreux, de nombreux pays font face à une stagnation des revenus pour la majorité de la population. Le débat sur la fiscalité des très hauts patrimoines, déjà vif, ne fait que commencer.
