La gestion des Restos du Cœur critiquée par la Cour des comptes

La Cour des comptes a publié un rapport qui remet en question la stratégie financière des Restos du Cœur, notamment l’appel exceptionnel aux dons de 2023. Alors que l’association affirmait ne plus pouvoir faire face à la hausse de la demande, la juridiction pointe des estimations trop pessimistes et une mobilisation trop prudente des réserves.
restos du coeur

Un appel aux dons jugé trop alarmiste

En septembre 2023, les Restos du Cœur ont alerté sur une situation critique et lancé une campagne de dons massive. Selon eux, l’association risquait un déficit de 250 millions d’euros sur trois ans. Mais pour la Cour des comptes, ces prévisions s’appuyaient sur des hypothèses excessivement prudentes, créant une situation jugée alarmiste.

Le rapport indique que l’association disposait en réalité d’un niveau de réserves suffisant, permettant de couvrir six mois de fonctionnement. L’institution considère que les Restos auraient pu activer plus largement ces fonds avant de solliciter l’État ou le grand public.

La réponse des restos du cœur

Face à ces critiques, les Restos du Cœur défendent leur position. Pour eux, conserver plusieurs mois de fonctionnement en trésorerie relève d’une précaution rigoureuse. Ils rappellent qu’en 2023-2024, ils ont distribué 163 millions de repas à plus de 1,3 million de personnes, dont 128 000 bébés.

Le contexte d’inflation et de précarité croissante a poussé l’association à anticiper un afflux sans précédent de bénéficiaires. Selon leur président Patrice Douret, la situation était « sans précédent », justifiant l’appel public lancé à la solidarité.

Les banques alimentaires aussi concernées

Dans un second rapport, la Cour des comptes épingle également la Fédération française des banques alimentaires. Elle déplore une gestion imprécise des subventions, des budgets non utilisés, et un manque de rigueur dans les pratiques comptables.

La juridiction demande une reprise en main vigoureuse de l’organisation et un meilleur suivi des fonds publics. En 2023, les banques alimentaires ont distribué 224 millions de repas via un réseau de plus de 6 000 associations.

Des associations sous pression constante

Le rapport intervient alors que les structures d’aide alimentaire font face à une augmentation continue des demandes. L’inflation fragilise de plus en plus de foyers, et les associations doivent répondre avec des moyens souvent limités.

Malgré les reproches de la Cour, les Restos du Cœur et les Banques alimentaires continuent de jouer un rôle essentiel pour des millions de personnes. Le débat soulevé par le rapport rappelle la nécessité d’être à la fois transparents, rigoureux et réactifs face à la crise sociale actuelle.

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