Un retour au cinéma dix ans après « Comment c’est loin »
Dix ans après son premier film, Orelsan revient sur grand écran avec Yoroï, réalisé par David Tomaszewski. Le duo, déjà complice sur plusieurs clips, partage la même passion pour la culture japonaise, les animes et les films d’aventure. Ici, le rappeur se glisse dans la peau d’Aurélien, une star épuisée par la célébrité qui décide de tout quitter pour s’isoler dans une forêt japonaise avec sa femme enceinte, incarnée par Clara Choï.
Mais la tranquillité ne dure pas. En découvrant une armure ancienne, l’artiste se retrouve lié à un étrange pouvoir et poursuivi par des yokaïs — des démons du folklore nippon. Un point de départ à la croisée du fantastique, de la comédie et du conte introspectif.
Une déclaration d’amour et un hommage aux femmes
Derrière les combats et les effets spéciaux, Yoroï est avant tout une histoire d’amour. Le film rend hommage à la force des femmes à travers le personnage de Clara Choï, véritable héroïne de l’intrigue. Là où Aurélien doute et fuit, elle affronte les épreuves, enceinte jusqu’aux yeux mais toujours debout.
« On voulait un personnage féminin qui soit l’antithèse du mien », confie Orelsan. « Ce film rend hommage à nos femmes, bien plus fortes que nous. »
Ce regard plus mature sur la relation homme-femme montre un Orelsan en évolution, loin de ses débuts provocateurs. Yoroï parle de lâcheté, de peur, de vulnérabilité — mais avec tendresse et autodérision.
Un vrai respect pour la culture japonaise
Orelsan et Tomaszewski ont mis un point d’honneur à traiter la culture japonaise avec respect. Tourné en grande partie au Japon, le film mêle tradition, folklore et modernité. Les références aux mythes nippons, à Mon voisin Totoro ou à l’art du sabre, se fondent dans une mise en scène sobre et poétique. Clara Choï, d’origine japonaise, a d’ailleurs participé aux recherches culturelles pour garantir une authenticité rare dans ce type de production française.
Des clins d’œil à la pop culture et des combats spectaculaires
Pour les amateurs de cinéma geek, Yoroï regorge de références : Spider-Man, Batman, Bob Fosse ou encore One Punch Man. L’humour, omniprésent, casse le sérieux du propos et donne au film un ton pop et accessible. Les scènes d’action, elles, impressionnent par leur énergie. Orelsan, passionné d’arts martiaux, s’est entraîné intensément pour le rôle, gagnant 9 kilos de muscles et réalisant la majorité de ses cascades lui-même.
« On a fait 90 % des cascades nous-mêmes », raconte le rappeur. « C’était dur, mais ça rend les combats plus crédibles. »
Résultat : les affrontements sont nerveux, spectaculaires et ancrés dans une esthétique manga assumée, sans jamais tomber dans la caricature.
Un film connecté à son futur album
Comme toujours avec Orelsan, musique et narration se répondent. Le film contient plusieurs morceaux inédits issus de son prochain album « La fuite en avant », prévu pour le 7 novembre. L’artiste décrit le projet comme un écho direct au film : certaines chansons prolongent les thématiques abordées dans Yoroï, entre fuite, introspection et renaissance.
La bande originale, enregistrée avec le London Symphonic Orchestra, renforce la dimension cinématographique du projet. Et même si le rap n’est pas ton genre, difficile de ne pas être happé par cette ambiance soignée et sincère.
Un pari audacieux pour le cinéma français
Malgré un démarrage timide au box-office (environ 125 000 entrées en cinq jours), Yoroï s’impose comme une proposition différente dans le paysage du cinéma français. À mi-chemin entre film d’auteur, pop culture et récit fantastique, il prouve qu’on peut faire un cinéma divertissant et personnel sans renier son identité.
Qu’on soit fan du rappeur ou simple curieux, Yoroï surprend par son mélange d’action, de sincérité et de poésie visuelle. Une œuvre imparfaite mais attachante, qui confirme qu’Orelsan sait raconter des histoires bien au-delà de ses punchlines.



