Une plateforme clé mise à l’arrêt du jour au lendemain
Weda est un logiciel utilisé chaque jour par des médecins généralistes, des spécialistes, des sages-femmes ou encore des centres de santé. Il permet de gérer les dossiers médicaux, de planifier les consultations, de rédiger des ordonnances et d’envoyer des documents aux patients. Plus de 20 000 professionnels y sont connectés en France.
Dans la nuit du 10 novembre, tout s’est arrêté. L’accès au service a été bloqué « par précaution » après la détection d’une intrusion suspecte. Les équipes techniques évoquent une activité anormale laissant penser à des tentatives d’accès non autorisés. L’éditeur assure travailler avec des experts externes en cybersécurité pour identifier l’origine de l’incident.
Une possible fuite de données médicales
Le risque principal est clair : l’intrusion pourrait avoir permis une extraction partielle de données. Pour l’instant, Weda explique que l’ampleur n’est pas connue et qu’aucune fuite n’est formellement confirmée. Mais la prudence reste de mise, et c’est l’une des raisons de l’arrêt complet du service.
« S’il y a une fuite, c’est un cauchemar : les pirates auraient accès à des données extrêmement sensibles. C’est notre principale crainte », témoigne un médecin utilisateur de Weda.
Les données gérées par la plateforme sont parmi les plus sensibles : historiques médicaux, données de Sécurité sociale, prescriptions, antécédents, paiements. Pour les cybercriminels, c’est une cible à forte valeur.
Des praticiens forcés de revenir au papier
La coupure entraîne un véritable blocage dans de nombreux cabinets. Impossible de consulter un dossier médical, d’éditer une feuille de soins ou même de retrouver un traitement en cours. Beaucoup de praticiens se retrouvent à fonctionner comme il y a vingt ans, avec un stylo et une pile de documents papier.
« On ne peut plus rien faire en ligne, on doit tout faire par papier. C’est un handicap énorme », explique un utilisateur.
Weda a mis en ligne une procédure provisoire de facturation manuelle, mais elle reste limitée. Pour une partie des professions de santé, l’usage du logiciel est devenu si central qu’il est difficile de travailler sans.
Une enquête toujours en cours
Weda indique que la faille a été colmatée et qu’aucune nouvelle activité suspecte n’a été détectée depuis. Les équipes poursuivent l’analyse pour déterminer l’origine exacte de l’intrusion et vérifier si des identifiants d’utilisateurs ont été détournés.
À ce stade, aucun calendrier de retour à la normale n’a été communiqué. L’éditeur affirme que la réouverture ne se fera qu’après une validation complète de la sécurité de la plateforme. L’attente risque donc de se prolonger.
Cette cyberattaque relance le débat sur la vulnérabilité des systèmes de santé. Les hôpitaux et les cabinets médicaux s’appuient de plus en plus sur des outils numériques. Lorsqu’un service central comme Weda tombe, c’est toute une chaîne qui se grippe. Pour les jeunes professionnels et les étudiants en santé, cette situation agit comme un rappel brutal : la cybersécurité n’est plus un enjeu technique, c’est un enjeu de continuité des soins.
