6-7 : le mème absurde que les ados crient partout

Tu l’as forcément entendu quelque part : un élève au fond de la classe qui lâche un “six-seveeeen”, un TikTok random avec quelqu’un qui agite les mains, un short YouTube qui ne t’explique rien mais te fait rire. Le mème 6-7 est partout, au point d’exaspérer les profs, de fasciner les linguistes… et d’être élu “mot de l’année 2025” par Dictionary.com. Pourtant, ce truc ne veut techniquement rien dire. Alors pourquoi tout le monde le crie ? Et qu’est-ce que ça raconte de notre génération ultra-connectée ?
six seven

C’est quoi ce délire avec 6-7 ?

Pour commencer simple : “6-7” (ou “six seven”, ou juste “67”) est un mème Internet, une expression virale devenue un code de la génération Alpha. On la voit partout sur TikTok, Instagram Reels et dans les vidéos de matchs de basket. Elle est souvent accompagnée d’un geste de la main, comme si tu pesais deux options dans une balance. 

La particularité de ce mème, c’est qu’il n’a pas de signification fixe. Ce n’est pas une insulte, ce n’est pas un vrai mot, ce n’est même pas une expression très construite. C’est plutôt une interjection, un cri, un bruit de fond de la culture Internet. Un peu le même délire que “Quoicoubeh” en France ou “Skibidi Toilet” : ça a du sens surtout parce que tout le monde est au courant de la blague. 

Tu peux entendre “6-7” quand :

  • un prof écrit le nombre 67 au tableau ;
  • quelqu’un met 6 ou 7/10 à quelque chose ;
  • un joueur de basket est très grand ;
  • ou juste parce qu’un élève s’ennuie et veut lancer un fou rire général.

Bref, 6-7 est devenu un réflexe, un running gag qui s’active dès que le nombre apparaît dans la conversation. Et c’est précisément cette absence de sens clair qui le rend aussi marrant pour certains… et aussi insupportable pour d’autres.

D’où vient le mème 6-7 ?

Un simple passage dans un morceau de rap

À la base, 6-7 n’est pas du tout pensé comme un mème. L’expression vient d’un morceau de rap : “Doot Doot (6 7)” du rappeur américain Skrilla, originaire de Philadelphie. Dans la chanson, il répète plusieurs fois “6-7” sur le refrain. 

Ce qui est intéressant, c’est que même dans la chanson, la signification n’est pas évidente. Certains y voient une référence à 67th Street à Philadelphie, d’autres à un code radio de police “10-67” lié à un rapport de décès, ce qui collerait avec les paroles sombres du morceau. D’après des interviews, Skrilla lui-même explique qu’il n’a jamais voulu figer une signification précise à ce “6-7”, ce qui a laissé la porte grande ouverte à l’interprétation… et donc aux mèmes.

Le basket, LaMelo Ball et les montages viraux

Si “Doot Doot (6 7)” était resté une simple track de rap, on n’en parlerait probablement pas ici. Le moment décisif, c’est quand le son est récupéré sur TikTok et dans des montages sportifs. Très vite, des créateurs commencent à utiliser le hook “six-seven” sur des highlights de joueurs de basket. Et l’un d’eux devient la figure parfaite : LaMelo Ball.

Pourquoi lui ? Parce qu’il mesure… 6 pieds 7 pouces, soit environ 2,01 m. Le lien est tout trouvé : montage de LaMelo en train de dribbler, dunker, bouger de façon improbable sur le terrain, et par-dessus, le “six-seven” qui tourne en boucle. Le combo est parfait pour la culture Internet : simple, répétitif, visuel, immédiatement reconnaissable.

Le “6-7 kid” et l’explosion totale

Ensuite arrive l’élément qui fait passer 6-7 du statut de trend TikTok au niveau d’icône culturelle : le “67 kid”. Dans une vidéo devenue virale, on voit un jeune spectateur à un match de basket hurler “six-seveeeeeeen” en agitant les mains comme si sa vie en dépendait. La scène est courte, absurde, ultra énergique… et donc parfaite pour être partagée, remixée, réutilisée dans tous les sens. 

À partir de là, tout s’enchaîne :

  • le son est utilisé dans des milliers de TikTok ;
  • on commence à entendre “6-7” dans les cours de récré, les gymnases, les bus scolaires ;
  • la presse parle d’un nouveau phénomène de “brain rot”, ces contenus jugés débiles mais ultra addictifs ; 
  • les adultes commencent à s’énerver… ce qui, évidemment, ne fait qu’augmenter le buzz.

Pourquoi 6-7 ne veut rien dire… et pourquoi ça plaît autant

Six Seven

Le côté le plus déroutant pour les parents, profs ou adultes en général, c’est que personne n’est capable de donner une définition claire de 6-7. Même les médias, les dictionnaires et les spécialistes du langage reconnaissent que l’expression est “impossible à définir”.

Parfois, “6-7” est utilisé pour dire qu’un truc est “moyen”, comme une note de 6 ou 7 sur 10. D’autres l’emploient juste comme cri d’ambiance, une façon de dire “je suis là”, ou comme un bruit absurde pour déclencher un fou rire. Dans d’autres cas, c’est juste une réponse random à une question sérieuse, histoire de casser le moment ou de montrer qu’on est “dans la tendance”. 

Pour les linguistes, ce flou n’est pas un bug, c’est la fonctionnalité principale. La chercheuse Cynthia Gordon, qui travaille sur le langage en ligne, explique que des formes comme “6-7” n’apportent pas forcément de sens informationnel, mais qu’elles ont un sens social très fort : elles créent du lien, marquent l’appartenance à un groupe, et permettent aux jeunes de se distinguer des adultes. 

En gros, 6-7 ne sert pas à transmettre une info, mais à dire : “je fais partie de ceux qui comprennent la blague”.

C’est la même logique que pour les vêtements, les emojis, certaines références TikTok ou les sons ultra nichés : si tu sais d’où ça vient, tu es “dans le mood”. Si tu ne comprends pas, tu es largué… et c’est un peu le but.

À quoi sert 6-7 dans le quotidien des ados ?

En classe : le cauchemar des profs de maths

Là où le mème 6-7 devient vraiment envahissant, c’est à l’école. Quand tu passes tes journées à écrire des chiffres au tableau, le nombre 67 finit forcément par apparaître. Et chaque fois, tu peux compter sur quelqu’un pour lâcher un “six-seveeeen” en plein contrôle, ou au moment de l’appel quand le prof dit “élève numéro 67”.

Dans certains établissements, des enseignants ont carrément interdit le mot en classe parce qu’il déclenche trop de chahut. Aux États-Unis, en Australie ou au Royaume-Uni, plusieurs profs racontent qu’ils ont entendu “6-7” des dizaines de fois dans la même journée. Certains jouent le jeu et l’intègrent à leurs cours de maths. D’autres annoncent des sanctions : devoirs supplémentaires, rédaction sur le sens de “67”, ou privation de récré pour les plus insistants.

Tout ça peut sembler ridicule, mais ça montre à quel point un simple fragment de chanson peut se transformer en bruit de fond permanent dans la vie scolaire.

Sur les réseaux : un bruit qui colle à tout

Sur les réseaux sociaux, 6-7 est devenu un son multi-usage. Quelques exemples d’utilisation :

  • un montage où quelqu’un rate son panier, et la note “6… 7” tombe comme un verdict un peu tiède ;
  • une vidéo où tu montres ton contrôle rendu avec 67 % de bonnes réponses ;
  • un TikTok où tu hésites entre deux options (“soirée / révisions ?”), et tu balances juste “6-7” avec le geste de la balance ;
  • des edits sportifs ou des clips en slow-motion avec des joueurs très grands, pour rappeler la taille “six foot seven”.

Grâce à sa absence de sens précis, le son s’adapte à quasi toutes les situations. Il suffit de coller l’audio sur une vidéo un peu absurde pour que ça devienne un “6-7 TikTok” et que tout le monde comprenne la référence sans qu’il y ait besoin de texte. 

Dans la cour, les bus, les vestiaires

En dehors des écrans, le mème vit surtout dans les moments de groupe : matchs, vestiaires, couloirs, rangs, sorties scolaires. Le fonctionnement est toujours le même :

  • quelqu’un crie “six-seveeeen” ;
  • quelques autres répètent ;
  • tout le monde rigole, souvent sans trop savoir pourquoi.

C’est un cri de ralliement, un peu comme un chant de supporters, mais version génération Alpha. Tu n’as pas besoin d’argumenter, de débattre ou d’avoir une vraie vanne. Tu balances “6-7”, et si les gens autour captent le délire, l’ambiance part toute seule.

“Mot de l’année” : quand 6-7 entre dans les dictionnaires

Le truc le plus fou dans l’histoire, c’est que ce mème a officiellement été reconnu par un dictionnaire en ligne. En octobre 2025, Dictionary.com a désigné “67” (prononcé “six-seven”) comme mot de l’année 2025

Pour expliquer ce choix, le site insiste sur plusieurs points :

  • la vitesse à laquelle un simple son de chanson est devenu un code global pour les jeunes ;
  • le côté absurde et ludique du terme, qui ne veut rien dire mais s’utilise partout ;
  • le fait que “6-7” reflète notre façon moderne de communiquer, ultra numérique, fragmentée, remplie de mèmes et d’images ;
  • la dimension de “brain rot” assumée : c’est inutile, mais ça connecte les gens, ça se propage, ça reste dans la tête. 

Des articles de médias généralistes, de magazines culturels et même de sites scientifiques se sont penchés sur le phénomène pour essayer de comprendre comment un nombre aussi banal a pu devenir un symbole mondial de la culture Internet version 2025.

Pourquoi ce genre de mème marche si fort chez la génération Alpha

On pourrait se dire : “OK, c’est juste un délire de plus, ça va passer”. C’est vrai. Mais 6-7 raconte aussi beaucoup de choses sur la façon dont les jeunes utilisent la langue aujourd’hui.

D’abord, il y a ce côté marqueur d’identité. Dire “six-seven” avec le geste précis, c’est montrer que tu fais partie d’un même univers culturel. Tu n’as pas besoin d’expliquer la référence : si la personne en face sourit, c’est qu’elle est dans la même bulle. Sinon, tu sais qu’elle appartient à un autre “monde social” : une autre génération, un autre niveau de connexion aux réseaux, un autre rapport aux mèmes. 

Ensuite, il y a l’idée de se détacher du langage des adultes. Depuis toujours, les ados inventent des expressions que les parents ne comprennent pas. La différence, c’est que maintenant, ces expressions naissent sur Internet, voyagent à la vitesse de la lumière, et deviennent internationales en quelques semaines. 

Enfin, 6-7 illustre la logique des contenus courts, répétitifs, facilement remixables. Un très bon mème, aujourd’hui, c’est :

  • un son simple que tu peux répéter ;
  • un geste facile à reproduire ;
  • un concept assez vague pour coller à plein de situations.

“6-7” coche toutes ces cases. Et c’est pour ça que tu peux le retrouver aussi bien dans des vidéos TikTok que dans des épisodes de South Park ou des articles de journaux sérieux qui s’interrogent sur “l’état du langage chez les jeunes”. 

Quand les marques et les médias s’emparent du 6-7

Comme souvent avec les trends massives, les marques n’ont pas mis longtemps à flairer le bon filon. Des chaînes de fast-food, des jeux vidéo et des applis ont commencé à utiliser “6-7” dans leurs campagnes marketing, leurs emojis ou leurs promos limitées dans le temps.

Quelques exemples repérés :

  • des menus ou offres à 6,70 dollars ou 67 centimes inspirés du mème ; 
  • des emotes “67” ajoutées dans des jeux en ligne très populaires pour surfer sur la tendance ; 
  • des campagnes qui jouent sur les horaires “de 6 à 7” en référence directe au mème.

On se retrouve donc avec un phénomène qui a commencé comme une punchline de drill, qui est passé par les montages NBA, a explosé grâce à un kid surexcité à un match, a envahi les classes, et finit maintenant dans les pubs, les dictionnaires, les journaux et les séries animées.

OK, mais faut-il s’inquiéter de 6-7 ?

La vraie question derrière tout ça, c’est celle que se posent les parents, les profs et parfois même les élèves eux-mêmes : est-ce que ce genre de mème est un signe que “le cerveau des jeunes fond” ? Certains médias parlent de “brain rot” pour décrire ces contenus très répétitifs, bruyants, pas très profonds. 

En réalité, la plupart des spécialistes du langage et de la culture numérique sont plutôt nuancés :

  • oui, “6-7” est absurde et peut devenir pénible quand il est répété 80 fois par jour ;
  • mais non, ce n’est pas une apocalypse culturelle. C’est un mème parmi d’autres, qui sera bientôt remplacé par un nouveau délire tout aussi étrange ;
  • et surtout, c’est une façon pour les jeunes de jouer avec la langue, de créer leurs propres codes et de s’approprier l’espace numérique.

Si on prend un peu de recul, 6-7 ressemble surtout à un miroir de notre époque : ultra connectée, rapide, ironique, saturée de références. Un nombre complètement random qui ne veut rien dire… et qui, paradoxalement, dit beaucoup sur la manière dont on communique, dont on s’amuse, et dont on construit nos identités en ligne.

Alors, la prochaine fois que tu entends quelqu’un crier “six-seveeeen” en agitant les mains, tu pourras au choix :

  • lever les yeux au ciel comme un adulte fatigué ;
  • ou répondre “six-seveeeen” toi aussi, histoire de montrer que tu as compris le code.

Dans tous les cas, une chose est sûre : tant qu’il y aura des jeunes, il y aura des expressions qui rendent les adultes dingues. Aujourd’hui, c’est 6-7. Demain, ce sera autre chose. Et on sait déjà que ce sera tout aussi bizarre.

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