Quand la peur change de camp : les chiffres du malaise
C’est un chiffre qui ne passe pas inaperçu. Avec 229 signalements en un an, le climat est décrit comme « glacial » par les fédérations. Mais au-delà du nombre, c’est la réaction des chasseurs qui change. Fini le temps du silence : les victimes n’hésitent plus à saisir la justice.
Sur la période, 65 plaintes ont été officiellement déposées, soit un taux de 28 %. C’est presque le double par rapport aux années précédentes, où ce chiffre ne dépassait pas les 15 %. Une judiciarisation qui prouve que le point de rupture est atteint pour beaucoup de pratiquants, qui se sentent désormais stigmatisés jusque dans leur vie privée.
Du sabotage au cyber-harcèlement : de quoi parle-t-on ?
Concrètement, cette hostilité prend deux visages bien distincts selon le rapport validé par l’Office Français de la Biodiversité (OFB) :
- Les atteintes aux biens (63,3 %) : C’est la majorité des cas. On parle ici de miradors sciés ou incendiés (comme les 14 détruits récemment dans le Var), de cabanes de chasse vandalisées et de vols de matériel. Plus sombre encore, des atteintes directes à la vie des chiens de chasse sont signalées.
- Les atteintes aux personnes (36,7 %) : Insultes, diffamation, menaces de mort… Une grande partie de ces agressions se déroule désormais derrière un écran, sur les réseaux sociaux, mais 4 % des cas relèvent de tentatives de violences physiques directes sur le terrain.
« Ce n’est pas la pratique de la chasse qui génère la violence, c’est l’hostilité idéologique dont la chasse est devenue la cible », analyse un observateur, pointant du doigt une forme de radicalisation des discours anti-chasse.
Un cercle vicieux alimenté par les accidents
Il est impossible d’analyser cette flambée de violences sans regarder le contexte global, qui reste dramatique. Si les chasseurs se disent victimes, la chasse reste une activité à risque pour les autres usagers de la nature. Paradoxalement, alors que la tension monte, les accidents de chasse sont repartis à la hausse.
Pour la saison 2024-2025, l’OFB a recensé 100 accidents, dont 11 mortels (contre 6 les années précédentes). Même si la chasse est statistiquement moins dangereuse qu’il y a vingt ans, chaque drame ravive les tensions et nourrit une incompréhension mutuelle entre ruraux, néo-ruraux, promeneurs et chasseurs.
Face à cette situation, la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) milite pour la création d’un délit spécifique d’entrave à la chasse, espérant calmer les esprits par la loi. De l’autre côté, les associations de protection de la nature continuent de réclamer plus de sécurité et de jours sans chasse.








