9 % des heures de cours perdues en 2023-2024, selon la Cour des comptes

Vous avez sûrement déjà connu ça : arriver devant la salle de classe et voir le surveillant débarquer pour annoncer que « le prof n’est pas là ». Si vous avez l’impression que cela arrive souvent, vous n’avez pas tort. La Cour des comptes vient de publier un rapport explosif ce vendredi : sur l’année scolaire 2023-2024, près de 9 % des heures de cours n’ont pas été assurées dans les collèges français. Un chiffre qui cache des inégalités flagrantes et des solutions qui peinent à convaincre.
prof absent 24 25

Une année scolaire en pointillé

Le bilan est lourd. Au total, ce sont 10,3 millions d’heures d’enseignement qui se sont volatilisées l’an dernier. Pour vous donner une idée, c’est une légère amélioration par rapport à l’année précédente (qui était catastrophique), mais la situation reste bien pire qu’avant la crise Covid (2018-2019).

Mais pourquoi vos profs sont-ils absents ? Contrairement aux idées reçues, ce n’est pas toujours pour maladie. La Cour des comptes pointe plusieurs facteurs :

  • Les postes vacants : Il n’y a tout simplement pas de professeur recruté pour le poste.
  • Les raisons institutionnelles : Formations, réunions, voyages scolaires ou organisation des examens pendant le temps scolaire. Cela représente environ un tiers des absences de courte durée.
  • La santé : Les arrêts maladie ont augmenté (+41 % en 5 ans), mais ce sont surtout les mi-temps thérapeutiques qui explosent (+250 %), signe d’une profession épuisée et exposée aux risques psychosociaux.

La double peine pour les élèves en difficulté

Ce qui choque le plus dans ce rapport, c’est que tous les élèves ne sont pas logés à la même enseigne. C’est la « double peine » pour les quartiers populaires. Dans les établissements de l’éducation prioritaire (REP), le taux d’heures perdues grimpe à 11 %.

La Défenseure des droits, Claire Hédon, a fait un calcul effrayant : sur ses quatre années de collège, un élève en zone prioritaire perd en moyenne 412 heures de cours, contre 300 heures pour un élève ailleurs. C’est presque une demi-année scolaire de différence !

Fin novembre, l’État a même été condamné à verser 470 euros à une famille du Nord dont la fille avait perdu 55 heures de français en un an.

Le « Pacte enseignant » ne sauve pas la mise

Pour régler le problème, le gouvernement avait misé gros sur le « Pacte enseignant » à la rentrée 2023. L’idée ? Payer mieux les profs volontaires pour remplacer leurs collègues absents au pied levé. Bilan des courses : cela a coûté cher (le budget remplacement a triplé), mais l’efficacité reste limitée.

Seulement 12 % des absences de courte durée ont été remplacées. Pire, le remplacement de « longue durée » (plus de 15 jours), qui est la véritable angoisse des parents et des élèves, se dégrade : il est passé de 97 % d’efficacité en 2018 à 94 % aujourd’hui. Certaines matières sont sinistrées, notamment les mathématiques, le français et la technologie, où les candidats manquent cruellement.

Des solutions qui fâchent les syndicats

Face à ce constat, la Cour des comptes propose des réformes « de structure » qui risquent de faire du bruit dans les salles des profs :

  • L’annualisation du temps de travail : Les heures perdues (par exemple en juin pendant les examens) pourraient être rattrapées à d’autres moments de l’année.
  • La bivalence : Demander aux professeurs d’enseigner deux matières différentes (par exemple Maths et Physique) pour combler les trous dès 2026.

Ces idées sont déjà rejetées en bloc par les syndicats comme le Snes-FSU, qui les jugent « hors sujet » et dénoncent une surcharge de travail pour des enseignants déjà sous pression.

Actualités

Abonne toi à la Newsletter

Acquisition > Newsletter : Sidebar