La leçon de tir était une répétition générale
Le 31 mars 2024, Jean-Baptiste poste une vidéo sur ses réseaux sociaux. On y voit sa compagne, Élodie, s’entraîner au tir avec une carabine 22 long rifle. La jeune femme, aide-soignante, est précise : trois balles dans le mille sur six tirs. En fond sonore, on entend Jean-Baptiste l’encourager fièrement : « Pour une première fois, c’est pas mal du tout ! ».
Cette scène, rétrospectivement, est glaçante. Trois mois plus tard, c’est avec une précision similaire qu’elle retournera l’arme contre lui. Selon ses propres aveux passés en garde à vue, elle l’a abattu d’une balle dans la tête et d’une autre dans le thorax. Le « professeur » a été exécuté par son élève.
Le père, la fille et le tapis rouge
Après le meurtre, le scénario vire au huis clos familial morbide. Élodie ne reste pas seule avec le corps. Elle appelle son père, Claude, un ancien routier de 61 ans. Ensemble, ils ne vont pas appeler les secours, mais nettoyer la scène de crime.
Le duo père-fille enroule le corps de Jean-Baptiste Moutassié dans un tapis avant de le charger dans un véhicule. Ils conduisent jusqu’au département voisin de l’Hérault pour se débarrasser du cadavre sous des pierres, dans une zone isolée. De retour à la maison de Mazamet, le grand nettoyage commence. Les murs sont repeints, le lino est astiqué et verni.
Quand les proches mènent l’enquête
Si la vérité éclate aujourd’hui, c’est en grande partie grâce à l’obstination des amis et de la famille de Jean-Baptiste. Dès sa disparition en avril 2024, ils ne croient pas une seconde à la thèse du départ volontaire avancée par Élodie. Jean-Baptiste venait de signer un CDI et n’aurait jamais abandonné ses fusils de chasse, sa grande passion.
Plusieurs proches se rendent alors à la maison du couple. Ce qu’ils y découvrent les alerte immédiatement :
- Le canapé vert et les fauteuils ont disparu.
- Le tapis rouge a été retiré.
- La table basse n’est plus là.
- Toutes les affaires personnelles de Jean-Baptiste se sont volatilisées.
Face à leurs questions insistantes, Claude, le père d’Élodie, joue la carte de l’indignation avec un cynisme redoutable : « Vous croyez qu’on l’a tué, Jean-Baptiste ? Vous croyez qu’on lui a fait du mal ou quoi ? ». Aujourd’hui mis en examen pour recel de cadavre et modification de scène de crime, il a admis avoir aidé sa fille.
Femme battue ou meurtre de sang-froid ?
Maintenant que les corps et les aveux sont là, la bataille judiciaire va se déplacer sur le terrain du mobile. Pour justifier son geste, Élodie T. évoque des violences conjugales et des humiliations quotidiennes de la part de Jean-Baptiste Moutassié. Elle tente de dresser le portrait d’une femme à bout, agissant pour sa survie.
Une version que l’entourage de la victime rejette en bloc. Félix, le frère de Jean-Baptiste, dénonce une stratégie de défense classique visant à « salir la mémoire » du défunt. Il souligne l’absence totale de plaintes ou de mains courantes antérieures aux faits. La justice devra désormais trancher entre la légitime défense différée d’une femme battue et l’exécution méthodique d’une compagne qui a pris le temps de repeindre les murs après son crime.








