Quand le marché immobilier bloque, le système D prend le relais
L’histoire se déroule à Rhoscolyn, sur l’île pittoresque d’Anglesey, au Pays de Galles. John (45 ans) et Jennie (43 ans) y possèdent un appartement de deux chambres, idéalement situé en bord de mer. Initialement pensé comme une résidence secondaire pour échapper au tumulte de Manchester, le logement est devenu leur résidence principale il y a deux ans et demi.
Le problème ? Avec deux enfants en pleine croissance, Henry et Sebastian, et un chien, l’espace est devenu trop exigu. La famille souhaite déménager pour plus grand, mais se heurte à un marché immobilier local totalement grippé. Malgré une baisse de prix de près de 45 000 euros et un an d’attente, aucune offre sérieuse n’a été déposée. Plutôt que de brader leur bien, ils ont opté pour une solution radicale et de plus en plus populaire outre-Manche : la tombola immobilière.
Comment fonctionne cette loterie à 5 euros ?
Le principe est d’une simplicité enfantine, mais rigoureusement encadré par la loi britannique. Le couple a mis son bien en jeu via la plateforme spécialisée « Raffall ». Pour participer, il suffit d’acheter un ticket virtuel au prix unique de 5 livres sterling, soit environ 5,50 euros.
L’objectif des Bailey est ambitieux : écouler 150 000 tickets avant la date butoir. Si le quota est atteint, un tirage au sort désignera l’heureux gagnant qui se verra remettre les clés de l’appartement, libre de toute hypothèque et frais de notaire payés. Pour le gagnant, c’est l’affaire du siècle. Pour les vendeurs, l’opération leur permettrait de récupérer la valeur de leur bien tout en rentabilisant les frais annexes.
Pourquoi vendre autant de tickets ?
Si vous faites le calcul, 150 000 tickets à 5,50 euros représentent une somme totale d’environ 825 000 euros, soit bien plus que la valeur de l’appartement (375 000 euros). S’agit-il d’une opération purement lucrative ? Pas tout à fait.
Derrière cette apparente manne financière se cachent des coûts astronomiques que le couple a dû avancer. Pour réussir leur pari, John et Jennie ont investi près de 45 000 euros en marketing et publicité pour faire connaître leur tombola au-delà des frontières galloises. De plus, la plateforme Raffall prélève une commission de 10 % sur la somme totale récoltée. Une fois les frais de notaire, les taxes et l’investissement publicitaire déduits, le couple espère simplement rentrer dans ses frais et disposer d’un apport suffisant pour leur prochaine maison.
Que se passe-t-il si les tickets ne sont pas vendus ?
C’est tout le risque de l’opération, que le couple qualifie lui-même d’extrêmement stressante, évoquant de nombreuses « nuits blanches ». Si le seuil des 150 000 tickets n’est pas atteint à la date limite, l’appartement ne sera pas cédé. Les Bailey resteront propriétaires.
Cependant, les participants ne repartiront pas les mains vides. Dans ce scénario, le gagnant tiré au sort remportera une compensation financière conséquente : 50 % de la cagnotte totale constituée par la vente des billets (le « cash prize »). L’autre moitié servira à couvrir les frais de la plateforme et à rembourser les dépenses publicitaires de la famille. Actuellement, avec environ 70 000 tickets vendus, le gagnant potentiel empocherait déjà près de 200 000 euros en cash.
Notre seul objectif était de transmettre notre maison à un heureux gagnant et de passer à autre chose. Cela peut sembler inhabituel, mais pour nous, il s’agit de transformer une situation difficile en quelque chose de positif.
Cette initiative, bien que risquée, souligne la créativité nécessaire pour naviguer dans un marché immobilier en crise. Elle offre surtout une lueur d’espoir un peu folle : celle de changer de vie pour le prix d’un sandwich.








