Une première instance marquée par des condamnations et relaxes
En première instance, trois membres des Barjols avaient été reconnus coupables d’association de malfaiteurs terroriste, tandis qu’un quatrième avait été condamné pour détention et vente illégale d’armes. Toutefois, neuf autres prévenus avaient été relaxés, ce qui avait suscité des réactions partagées dans les médias et au sein du tribunal.
Le parquet national antiterroriste (Pnat), qui s’était déjà montré particulièrement attentif à cette affaire, a fait appel de huit des relaxes prononcées lors du premier procès. Ce procès en appel s’annonce donc crucial, notamment pour ceux qui avaient été acquittés.
Un projet de « putsch » et des menaces xénophobes
Les Barjols ne sont pas nés d’hier. Ce collectif d’ultradroite a vu le jour en 2017 sur Facebook, et ses membres se sont rapidement illustrés par leur discours violent et leurs positions xénophobes. Entre 2017 et 2018, leurs réunions, souvent tenues dans une ambiance paramilitaire, servaient à planifier diverses actions violentes. Parmi les projets, on retrouve des idées d’assassinats de migrants et d’attaques contre des mosquées. Toutefois, aucun de ces plans n’a été mené à bien.
Le projet le plus marquant, selon l’acte d’accusation, concernait un attentat contre Emmanuel Macron. Ce plan devait se concrétiser lors des commémorations du centenaire de l’armistice du 11 novembre, dans l’est de la France, en 2018. Jean-Pierre Bouyer, l’un des membres les plus influents du groupe, est soupçonné d’avoir été à l’origine de cette idée, tout en ayant les moyens de la réaliser.
Le 31 octobre 2018, les autorités ont reçu des informations critiques du renseignement intérieur, qui ont conduit à l’ouverture d’une enquête. C’est alors que Jean-Pierre Bouyer, ancien garagiste devenu exploitant forestier, a été identifié comme l’instigateur du projet d’assassinat du président Macron. Quelques jours plus tard, le 6 novembre 2018, Jean-Pierre Bouyer et trois autres membres du collectif ont été arrêtés. Lors de perquisitions, les enquêteurs ont saisi des armes et des munitions au domicile de Bouyer.
Denis Collinet, fondateur des Barjols, a également été interpellé en mars 2020. Proche des théories conspirationnistes, notamment celle du « grand remplacement », il faisait partie des leaders idéologiques du groupe. Son arrestation, deux ans après les premières interpellations, avait permis de démontrer l’implication de figures centrales du mouvement dans la planification d’actes terroristes.
Un dossier revisité en appel
Malgré la gravité des accusations, l’enquête menée pendant quatre ans a révélé des lacunes dans l’organisation réelle des Barjols. Initialement, les charges retenues incluaient des accusations criminelles sévères. Cependant, ces charges ont été requalifiées en délit d’association de malfaiteurs en vue de la préparation d’actes de terrorisme, passible d’une peine maximale de dix ans de prison.
Lors du procès en première instance, la défense des prévenus avait dénoncé ce qu’ils considéraient comme un « fiasco judiciaire ». Les avocats des prévenus avaient tenté de minimiser la gravité des faits en présentant leurs clients comme de simples « hommes en colère », touchés par la misère sociale et adhérant au mouvement des gilets jaunes, très actif à l’époque des faits.
Alors que trois des condamnés ont fait appel de la décision du tribunal, le Pnat entend également revoir plusieurs relaxes. Ce procès en appel s’annonce donc crucial pour clarifier le degré de responsabilité des membres des Barjols dans cette tentative de putsch avortée et les actions xénophobes qu’ils projetaient.
En dépit de l’absence de passage à l’acte, les échanges entre les membres du groupe, que ce soit sur internet, au téléphone ou lors de réunions, montrent une organisation déterminée à agir. Le procès en appel devra trancher sur les motivations et l’intention réelle des Barjols de mener à bien leurs plans.
Quelle issue pour les membres des Barjols ?
Alors que la menace terroriste reste une préoccupation majeure en France, ce procès en appel revêt une importance capitale. Les juges d’appel devront non seulement évaluer la réalité des projets violents des Barjols, mais aussi définir si la requalification en association de malfaiteurs terroriste est bien justifiée.
L’issue de ce procès pourrait non seulement sceller le sort des 11 membres jugés, mais aussi marquer une jurisprudence importante en matière de lutte contre le terrorisme d’extrême droite.