Une mesure inédite pour la capitale du cinéma
Paris, souvent surnommée la capitale mondiale du cinéma, accueille chaque année des centaines de productions cinématographiques, télévisuelles, publicitaires et vidéoclips. En 2023 seulement, la ville a été le décor de 98 longs métrages et 64 séries, soulignant son rôle central dans l’industrie audiovisuelle internationale.
Face à la multiplication des témoignages de victimes de violences sexistes et sexuelles dans le milieu du cinéma, la ville de Paris a pris l’initiative de conditionner les autorisations de tournage à la signature d’une charte engageant les productions à respecter des principes essentiels. Ce dispositif, unique en France, s’inscrit dans un contexte plus large de lutte contre les discriminations de genre et les violences sur les lieux de travail.
Une charte pour promouvoir l’égalité et prévenir les violences
La charte exige que les sociétés de production adoptent des mesures concrètes pour favoriser l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et pour lutter contre toute forme de discrimination liée au genre. Les signataires devront s’engager à former les cadres sur les lieux de tournage, à sensibiliser leurs équipes et à mettre en place un dispositif interne de signalement efficace pour toute situation de violence ou de harcèlement.
Ce dispositif est particulièrement important dans un secteur où les scènes d’intimité peuvent parfois poser des défis supplémentaires. Les productions devront donc prévoir des modalités d’accompagnement spécifiques pour ces scènes, afin de garantir le respect des acteurs et actrices et d’assurer un environnement de travail sécurisé.
Un cadre renforcé par rapport aux mesures nationales
Si des dispositifs similaires existent déjà, notamment à travers les initiatives du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC), la charte parisienne se distingue par son champ d’application élargi. Alors que le CNC encadre principalement les productions cinématographiques, la charte de Paris s’étend à tous les types de tournages, y compris les publicités, les vidéoclips et les séries télévisées.
Carine Rolland, adjointe à la maire de Paris en charge de la culture, a expliqué que cette mesure vise à compléter et renforcer les dispositifs existants, en couvrant tous les formats et en assurant un suivi rigoureux des engagements pris. Elle a également souligné l’importance de rendre des comptes chaque année, avec un bilan de l’application de la charte qui sera présenté au Conseil de Paris.
Une ville engagée contre les violences sexistes et sexuelles
La ville de Paris, en adoptant cette charte, s’affirme comme un acteur majeur de la lutte contre les violences et discriminations dans l’industrie du cinéma. Ce dispositif s’inscrit dans la continuité des efforts initiés par des figures comme Judith Godrèche, actrice française et membre actif du mouvement #MeTooCinéma. Son témoignage et son engagement ont permis de lever le voile sur les violences sexistes dans le milieu, et ont encouragé de nombreuses autres victimes à prendre la parole.
En tant que ville accueillant une grande partie des tournages en France, Paris se devait de répondre à ces préoccupations en mettant en place des mesures spécifiques pour protéger les professionnels de l’industrie. À travers cette charte, la mairie souhaite envoyer un signal fort : les comportements sexistes et violences sexuelles ne seront plus tolérés sur les plateaux de tournage.
Cette initiative est également un modèle de bonnes pratiques pour d’autres collectivités et secteurs de l’industrie audiovisuelle. En imposant la signature de cette charte, Paris souhaite encourager l’ensemble des acteurs de la production à adopter des normes éthiques rigoureuses, tant dans la création des contenus que dans les relations professionnelles sur les tournages.
Les équipes de production devront dorénavant intégrer ces engagements dans leurs processus de tournage, et s’assurer que chaque membre de l’équipe, des réalisateurs aux techniciens, soit formé et sensibilisé à ces enjeux. La charte met en avant la nécessité d’une responsabilité collective, où chacun contribue à un environnement de travail respectueux et sécurisé.
Avec cette nouvelle mesure, Paris ambitionne de rester non seulement la capitale mondiale du cinéma, mais aussi un modèle en matière de droits humains et de protection des travailleurs dans l’industrie audiovisuelle. La ville montre ainsi qu’il est possible de conjuguer un secteur artistique dynamique avec un engagement fort contre les violences et les discriminations.
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