Près de 10 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté

Le dernier rapport de l’Insee montre une réalité glaçante : le taux de pauvreté en France a atteint 15,4 % en 2023, un niveau inégalé depuis les années 1990. Cela signifie que 9,8 millions de personnes vivent aujourd’hui avec moins de 1 288 euros par mois. Une dégradation sociale qui touche toutes les générations et qui révèle les limites des politiques publiques face à l’urgence.
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Une hausse brutale et inédite en une seule année

En seulement douze mois, 650 000 personnes supplémentaires sont passées sous le seuil de pauvreté. Cette progression de 0,9 point est la plus forte enregistrée depuis 1996. Plusieurs facteurs expliquent cette dérive sociale :

  • Fin des aides exceptionnelles comme l’indemnité inflation et la prime de rentrée scolaire
  • Hausse du nombre de micro-entrepreneurs aux revenus très faibles
  • Inflation durable sur les produits essentiels et l’énergie

Des inégalités qui se creusent

Les différences de niveaux de vie se sont creusées à un rythme jamais vu depuis plus de trente ans. Les plus pauvres voient leurs revenus stagner, pendant que les plus riches profitent des bons rendements financiers.

L’indice de Gini, qui mesure les inégalités, est en hausse à 0,297, tout proche de son record de 2011. Et la répartition est choquante :

  • Les 20 % les plus modestes perçoivent seulement 8,5 % des revenus
  • Les 20 % les plus aisés en perçoivent 38,5 %

Les profils les plus touchés

Les catégories les plus vulnérables sont :

  • Les familles monoparentales : taux de pauvreté de 34,3 % (+2,9 points)
  • Les chômeurs : 36,1 % sous le seuil
  • Les indépendants : 19,2 % dans la précarité
  • Les personnes seules : 20,3 % touchées

Une précarité qui devient quotidienne

Pour les associations comme la Fondation Abbé Pierre ou la Fondation pour le logement, la situation est devenue critique. Les besoins de base ne sont plus assurés chez de nombreux Français.

« Les signalements de personnes affirmant avoir froid chez elles explosent. On voit aussi une hausse forte des coupures d’électricité et des expulsions », affirme Manuel Domergue, directeur des études à la Fondation pour le logement.

Ce mal-logement combiné à une alimentation de moins en moins accessible forme un cocktail dangereux. Les ménages les plus fragiles doivent choisir entre payer leur loyer ou se chauffer.

Une politique sociale remise en cause

Certains experts, comme Henri Sterdyniak, économiste et cofondateur du collectif Les Économistes Atterrés, pointent du doigt les décisions récentes :

« On n’a pas augmenté les minimas sociaux ni les prestations familiales. On a supprimé l’ISF. La fiscalité ne joue plus son rôle correcteur. »

Pour lui, seule une revalorisation des aides sociales et une refonte fiscale pourraient inverser la tendance. Une opinion partagée par de nombreuses structures de terrain qui alertent depuis plusieurs mois.

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