Le président du Mouvement démocrate (MoDem) et maire de Pau, François Bayrou, a été nommé Premier ministre par Emmanuel Macron. À 73 ans, il succède à Michel Barnier, dont le mandat à Matignon a été écourté après seulement 90 jours en raison d’une censure parlementaire. Ce choix marque un tournant pour l’alliance centriste au cœur du paysage politique français.
Une nomination après une crise politique majeure
François Bayrou accède à Matignon dans un contexte de turbulences politiques. La dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, suivie de la chute de Michel Barnier, a mis en lumière les fractures profondes au sein des institutions. En choisissant François Bayrou, Emmanuel Macron mise sur un allié historique capable de jouer un rôle de conciliateur entre les différents blocs politiques.
Le chef de l’État a salué la capacité de François Bayrou à dialoguer avec des forces politiques variées. Ce dernier bénéficie également du soutien d’acteurs politiques influents, dont l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve, qui a vanté son expérience et sa connaissance des rouages de l’État.
François Bayrou n’est pas un novice en politique. Ancien ministre de l’Éducation nationale sous Édouard Balladur, il a été nommé garde des Sceaux en 2017 dans le premier gouvernement d’Édouard Philippe. Cependant, il avait rapidement démissionné en raison d’une enquête préliminaire sur des soupçons d’emplois fictifs liés aux assistants parlementaires européens du MoDem.
Bien que relaxé en première instance dans cette affaire en février 2024, le parquet a fait appel. Une date pour le nouveau procès n’a pas encore été fixée, laissant planer l’éventualité d’un Premier ministre confronté à une procédure judiciaire en exercice. Cette situation inédite pourrait poser des défis politiques supplémentaires.
François Bayrou s’est imposé comme un allié clé d’Emmanuel Macron dès 2017. En renonçant à sa propre candidature présidentielle cette année-là, il avait permis à l’ancien ministre de l’Économie de consolider ses chances d’accéder à l’Élysée. Depuis, il a joué un rôle stratégique en soutenant la majorité présidentielle, malgré des critiques parfois franches sur certaines décisions gouvernementales.
En tant que président du MoDem, il a contribué à maintenir une représentation centriste significative à l’Assemblée nationale, bien que son groupe ait vu son nombre de sièges diminuer lors des élections législatives de 2022 et 2024.
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Le mandat de François Bayrou à Matignon s’annonce complexe. Il devra naviguer entre les tensions sociales croissantes, la montée des extrêmes politiques et une Assemblée nationale profondément divisée. Parmi ses premières missions, il devra :
- Renégocier le projet de budget 2025, rejeté par le Parlement sous Michel Barnier.
- Trouver un équilibre pour réduire le déficit public tout en maintenant les investissements prioritaires.
- Bâtir des alliances au sein d’une Assemblée où aucune majorité claire n’émerge.
Emmanuel Macron a affirmé ne pas vouloir dissoudre l’Assemblée avant la fin de son mandat, mettant la pression sur François Bayrou pour trouver des accords de non-censure avec l’opposition.
François Bayrou, originaire du Béarn, se réfère souvent à Henri IV, qu’il considère comme un modèle de réconciliation nationale. Dans ses premières déclarations, il a souligné la nécessité de « trouver un chemin » pour rassembler un pays fracturé. S’inspirant du roi réconciliateur, il entend adopter une approche pragmatique pour apaiser les tensions et restaurer la confiance dans les institutions.