Les expulsions ont touché au moins 108 456 personnes, dont une majorité sur le littoral nord (80 449). Cette région est particulièrement concernée, avec une moyenne de 220 expulsions par jour. Certaines personnes ayant subi plusieurs expulsions au cours de l’année, elles peuvent avoir été comptabilisées plusieurs fois.
Des expulsions sans solution d’hébergement
Dans 88 % des cas, aucune solution d’hébergement ou de logement n’a été proposée aux personnes expulsées, les laissant dans une situation de grande précarité. Cette absence de prise en charge alimente une spirale de marginalisation pour les individus concernés.
Le rapport révèle également que dans 87 % des cas, les expulsions se sont accompagnées de la destruction ou de la confiscation des biens des habitants. Ces biens, souvent limités à des carnets de santé, des papiers d’identité, des médicaments ou encore des tentes, représentent des éléments vitaux pour ces personnes.
Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé Pierre, alerte sur l’impact de ces pratiques :
Ces maigres biens sont essentiels pour la survie des personnes. Les confisquer aggrave leur situation déjà précaire.
Une précarité aggravée par les expulsions
Le président de Médecins du monde, Jean-François Corty, dénonce une détérioration de l’état de santé des personnes expulsées. Il souligne que ces expulsions entraînent souvent une interruption des suivis médicaux et exposent les individus à des environnements toxiques, aggravant leur situation physique et mentale.
Malgré la trêve hivernale, plus de la moitié des expulsions ont lieu durant cette période, avec un pic en février. Cette pratique, en contradiction avec les principes d’humanité, met les personnes à la rue dans des conditions climatiques particulièrement difficiles.
Manuel Domergue et Jean-François Corty dénoncent une dérive inquiétante des pouvoirs publics, qui semblent prioriser les expulsions au détriment de solutions durables. Ils pointent une absence de volonté politique pour répondre aux besoins en hébergement d’urgence ou en logement social, et critiquent les discours qui valorisent la hausse des expulsions comme une réussite.
Selon les associations, ces pratiques participent à une « fabrique délibérée de précarité », mettant en lumière un manque de respect des principes fondamentaux de santé publique et de dignité humaine.