Une présence religieuse qui interroge
Les chiffres avancés sont saisissants : 139 lieux de culte seraient affiliés à l’organisation Musulmans de France, considérée comme une émanation directe de la mouvance frériste. À cela s’ajoutent 68 mosquées supplémentaires, identifiées comme proches idéologiquement. Environ 91 000 fidèles les fréquenteraient chaque vendredi.
Autour de ces mosquées, un maillage associatif dense s’est développé. Le rapport évoque l’existence de 280 associations, bien au-delà des chiffres officiels. Ces structures interviennent dans des domaines variés : caritatif, éducation, jeunesse, sport ou finance. Leur objectif ? Renforcer une influence idéologique diffuse mais constante.
Le levier éducatif, une priorité stratégique
Le rapport identifie 21 établissements scolaires liés à la mouvance, accueillant environ 4 200 élèves. Parmi eux, le lycée Averroès à Lille est cité pour ses liens financiers opaques et ses contenus pédagogiques jugés incompatibles avec les valeurs républicaines. D’autres écoles seraient également concernées par des soutiens venus de l’étranger.
En dehors du système scolaire classique, le rapport recense 815 écoles coraniques, avec près de 66 000 élèves. Un tiers d’entre elles seraient rattachées à des courants fondamentalistes, dont plus de 100 directement connectées à la mouvance frériste.
Influence digitale et réseaux sociaux
La stratégie ne se limite pas au terrain : le rapport insiste sur le rôle joué par une vingtaine d’influenceurs musulmans francophones. Parmi eux, des figures comme Marwan Muhammad, ancien directeur du CCIF, désormais établi à l’étranger. Leur activité en ligne participe à la diffusion des idées fréristes auprès de la jeunesse.
Les réseaux sociaux deviennent ainsi un canal privilégié de propagation. Les contenus diffusés, souvent en vidéo ou en posts courts, visent à renforcer un sentiment d’appartenance et à remettre en cause les institutions. Ce discours se veut séduisant, en rupture avec le discours classique des lieux de culte.
Des micro-sociétés locales
Le document décrit également la constitution d’écosystèmes locaux. Il s’agit de groupes fermés composés d’une mosquée centrale, d’associations, de commerces communautaires et parfois d’écoles. L’idée est de structurer la vie du croyant du plus jeune âge jusqu’à l’âge adulte, en dehors des cadres institutionnels classiques.
Ces structures visent souvent des quartiers où les services publics sont moins présents. En offrant des alternatives sociales, éducatives et religieuses, elles ancrent l’influence frériste sur le long terme. Ce phénomène inquiète les services de renseignement par sa discrétion et son efficacité.
Vers une réponse politique renforcée
Le rapport a été présenté au Conseil supérieur de la défense nationale. Plusieurs recommandations ont été formulées, dont la mise en place d’un rapport parlementaire bisannuel sur les menaces liées à l’entrisme islamiste. Une manière pour les autorités de suivre l’évolution de cette mouvance et d’adapter leurs outils de prévention.
Les données compilées ne sont que la partie visible d’un réseau en constante mutation. Les experts recommandent une surveillance continue de ces structures, notamment dans les zones sensibles, pour éviter qu’elles ne deviennent des foyers d’idéologie extrémiste durables.