Pourquoi vous risquez de payer plus (sans gagner vraiment plus)
La France a évité de justesse le « shutdown » à l’américaine. Pour permettre à l’État de continuer à fonctionner et de payer les fonctionnaires au 1er janvier, les députés et sénateurs ont validé en urgence une loi spéciale. Ce texte reconduit, dans les grandes lignes, le budget de 2025.
Le diable se cache dans les détails : en temps normal, l’État revalorise chaque année les tranches de l’impôt sur le revenu pour suivre l’inflation. Cela évite que vous payiez plus d’impôts simplement parce que votre salaire a suivi la hausse des prix. Mais avec cette loi spéciale, ce mécanisme protecteur saute. Le barème est gelé.
Concrètement, si votre employeur vous a augmenté en 2025 pour compenser l’inflation, votre revenu imposable grimpe, mais les seuils de taxation restent fixes. Cette « désindexation » va provoquer deux effets pervers pour environ 200 000 ménages :
- Certains foyers non imposables vont basculer et devenir imposables ;
- D’autres vont sauter dans une tranche supérieure (par exemple, passer de 11% à 30% sur une partie de leurs revenus).
Selon une étude de Sciences-Po, cette opération indolore pour l’État mais douloureuse pour vous pourrait rapporter près de 3 milliards d’euros aux caisses publiques.
MaPrimeRénov’ et investissements : tout est à l’arrêt
Si vous aviez prévu des travaux de rénovation énergétique en ce début d’année, il va falloir patienter. Vincent Jeanbrun, le ministre du Logement, a confirmé la suspension de MaPrimeRénov’ dès le 1er janvier. La logique est implacable : « Sans budget, on ne peut pas décaisser l’argent », a-t-il expliqué. Ouvrir des dossiers sans pouvoir les payer n’aurait aucun sens.
Ce gel des dépenses ne s’arrête pas là. Amélie de Montchalin, ministre des Comptes publics, a listé d’autres victimes collatérales : le soutien à l’investissement des entreprises, certaines aides aux agriculteurs et même l’enveloppe supplémentaire de 6,5 milliards d’euros promise aux armées sont mis sur pause.
Les gagnants et les perdants de l’impasse politique
Dans ce flou artistique budgétaire, tout le monde ne perd pas au change. Une fracture générationnelle se dessine assez nettement :
- Les retraités s’en sortent bien : Contrairement aux salariés, les pensions de retraite seront intégralement indexées sur l’inflation. Leur pouvoir d’achat est donc préservé.
- Les grandes entreprises soufflent : Elles échappent, pour l’instant, aux surtaxes exceptionnelles qui étaient prévues dans le projet de loi de finances initial rejeté par le Parlement.
- Les actifs trinquent : Ce sont les travailleurs, et particulièrement ceux dont les revenus flirtent avec les limites des tranches d’imposition, qui vont supporter l’effort fiscal immédiat.
Un « vrai » budget avant fin janvier ?
Cette situation n’est, en théorie, que temporaire. Le gouvernement de Sébastien Lecornu et l’Élysée pressent le pas pour faire adopter un budget définitif d’ici la fin janvier 2026. L’objectif reste de ramener le déficit vers les 5 %, une promesse faite à nos partenaires européens.
Cependant, le spectre du 49.3 plane toujours. Si aucun compromis politique n’est trouvé rapidement, le gouvernement pourrait passer en force, au risque de subir une motion de censure. En attendant, pour ce début 2026, c’est le régime sec pour les projets immobiliers et la douche froide pour les contribuables.








