Une bonne action qui tourne au cauchemar
En avril 2025, André Perrotte, retraité vivant dans une petite commune de l’ouest de la France, accepte d’héberger une famille sans logement. Le bail devait durer trois mois, juste le temps que les parents trouvent une solution. Mais en juin, alors que l’échéance est passée, la famille refuse de partir.
Le propriétaire voulait vendre son appartement avant la fin de l’année, mais il se retrouve face à une situation inextricable. Les locataires, désormais installés sans payer, occupent les lieux depuis des mois. Et malgré ses relances, rien ne bouge. André confie à France 3 :
“Ils m’ont fait pitié donc on a fait un bail, mal fait c’est vrai, mais je ne voulais pas laisser des enfants dans la rue. Et voilà ce qui m’arrive. Je ne dors plus la nuit.”
Un logement dégradé et des tensions dans le voisinage
Au-delà des loyers impayés — environ 2 000 euros —, l’appartement a subi de nombreuses dégradations. Radiateurs cassés, mobilier détruit, ambiance électrique dans l’immeuble… La situation dégénère. Un voisin, Michel, affirme avoir été agressé par le père de famille :
“Il m’a pris en embuscade avec son fils et ils m’ont frappé. J’ai déposé plainte. Ma mère, 86 ans, n’est plus tranquille. On vit dans la peur.”
Le climat s’est détérioré au point que le voisinage s’inquiète pour la sécurité des personnes âgées de l’immeuble. Quant à André, il se sent totalement impuissant.
Le coup de trop : il retire les portes et les fenêtres
À bout de nerfs, André décide de passer à l’action. En désespoir de cause, il coupe l’eau et l’électricité, puis retire les portes et les fenêtres de l’appartement. Un geste radical pour tenter de faire partir le locataire. Mais cette initiative, illégale, pourrait lui coûter cher.
Le père de famille, resté sur place malgré tout, a porté plainte. Résultat : c’est désormais le propriétaire qui risque une condamnation. Les forces de l’ordre l’ont convoqué pour s’expliquer sur ses actes.
Une situation complexe sur le plan juridique
Le cas d’André illustre une zone grise du droit français. Même si un locataire ne paie plus, le propriétaire n’a pas le droit de se faire justice lui-même. Les expulsions doivent passer par une décision de justice et être exécutées par un huissier. La procédure, souvent longue, peut durer plusieurs mois, voire plus d’un an.
Pour Monique Nouaux, présidente de l’association “Défense des Victimes des Bailleurs Sociaux et Privés”, le locataire reste protégé par le droit :
“Le locataire n’est pas un squatteur, il a un bail. Il a payé des loyers jusqu’en août, mais le propriétaire lui a refusé les documents pour la CAF. Il a commis plusieurs fautes, dont celle d’avoir bloqué l’accès au logement.”
Quand la loi protège les locataires… même en tort
En France, les procédures d’expulsion sont strictement encadrées. Même face à des occupants qui ne paient plus ou qui causent des dégradations, les propriétaires doivent patienter jusqu’à la fin du processus judiciaire. Et si le logement est considéré comme une résidence principale, il est encore plus difficile d’obtenir une expulsion rapide.
Les lois anti-squatteurs votées ces dernières années visent à accélérer ces démarches, mais dans les faits, les délais restent souvent longs. Beaucoup de propriétaires âgés se retrouvent ainsi pris dans un engrenage administratif et financier difficile à supporter.
Un sentiment d’injustice partagé
Sur les réseaux sociaux, l’histoire d’André a suscité de vives réactions. Beaucoup dénoncent une situation absurde où celui qui possède le bien devient le “coupable”. D’autres rappellent qu’il faut respecter les procédures pour éviter de basculer dans l’illégalité.
En attendant, André tente de garder espoir. Son affaire devrait être examinée dans les prochaines semaines. Mais pour lui, le mal est fait : son logement est inutilisable, ses économies s’envolent, et il vit désormais dans la peur d’une condamnation.

 
															






