Mais ce show estimé à 11 millions d’euros, dont 5 millions de fonds publics, divise profondément la classe politique locale. Si la mairie de Rouen et une partie de la gauche défendent une initiative culturelle d’ampleur, l’opposition municipale et métropolitaine dénonce un projet onéreux, imposé sans concertation.
Une méthode de décision pointée du doigt
Marine Caron, élue Horizons à Rouen, ne mâche pas ses mots. Elle accuse le maire Nicolas Mayer-Rossignol d’avoir pris sa décision « en catimini », sans en passer par un vote du conseil municipal. Selon elle, « aucune transparence » n’a entouré l’annonce de ce projet qui serait déjà ficelé depuis des mois.
Ce qui choque l’élue n’est pas seulement le budget, mais aussi la forme : « Oui à la culture, non à la méthode », martèle-t-elle. Elle rappelle que les urgences du quotidien sont nombreuses et que l’argent public aurait pu être investi dans des infrastructures utiles aux habitants, comme les équipements sportifs ou la voirie.
Sur les 11 millions d’euros du budget total, 3 millions viendraient de la Ville de Rouen et 2 millions de la Métropole. Le reste serait couvert par des financements privés. Pourtant, plusieurs maires de l’agglomération estiment que la balance reste déséquilibrée, surtout dans un contexte économique tendu.
Pour comparer, la ville de Caen a organisé une parade de six heures pour son millénaire avec 2 millions d’euros. Un contraste qui nourrit le scepticisme autour de la pertinence du projet rouennais.
Un potentiel de rayonnement… mais à quel prix ?
L’adjointe à la culture de la Ville de Rouen, Marie-Andrée Malleville, défend le projet en mettant en avant des retombées culturelles et touristiques importantes pour la métropole. Selon elle, ce spectacle aurait un impact positif sur l’image de Rouen à l’échelle nationale et internationale.
Elle précise que Thomas Jolly a personnellement présenté le projet à une réunion d’information à laquelle les élus d’opposition ne se seraient pas rendus. Elle rappelle également qu’aucune dépense ne pourra être validée sans un vote du conseil.
Certains élus s’interrogent sur le sens du projet. Faut-il « refaire les Jeux Olympiques à Rouen » ? Pour eux, la tentative de surfer sur le succès des cérémonies parisiennes est déplacée, surtout quand cela mobilise autant de moyens publics pour une durée aussi courte.
La métropole de Rouen a publié un communiqué rappelant que le projet n’est pas encore validé officiellement, et que sa part de financement ne dépasserait pas 50 % du total. Des négociations sont toujours en cours avec TF1 pour une éventuelle diffusion en direct.