Abdelmadjid Tebboune est prêt à envoyer l’armée à Gaza ?

Abdelmadjid Tebboune, le président algérien, a récemment fait une déclaration qui a rapidement suscité l’attention et la controverse. Lors d’un discours prononcé en pleine campagne électorale, Tebboune a affirmé qu’il était prêt à envoyer l’Armée nationale populaire (ANP) en soutien à Gaza pour combattre l’armée israélienne, à condition que l’Égypte ouvre ses frontières. Cette déclaration, faite devant une foule enthousiaste à Constantine, a soulevé de nombreuses questions quant à la réalité et aux implications d’une telle promesse.
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Une déclaration audacieuse et controversée

Devant une assistance manifestement galvanisée, Tebboune a déclaré que si l’Égypte consentait à ouvrir les frontières vers Gaza, l’armée algérienne était prête à intervenir. En ponctuant son discours de références religieuses, le président a laissé entendre que l’Algérie pourrait jouer un rôle militaire direct dans le conflit israélo-palestinien.

Dès qu’on nous ouvre les frontières,… l’armée est prête.

Cette annonce a immédiatement été perçue comme troublante par de nombreux observateurs. Elle soulève des interrogations non seulement sur la faisabilité d’une telle action, mais aussi sur les conséquences potentielles d’une escalade militaire impliquant l’Algérie. Une telle initiative ne se limiterait pas à un affrontement avec Israël, mais pourrait également entraîner une réaction de la part des alliés de l’État hébreu, notamment les États-Unis et peut-être certaines forces de l’OTAN.

Réalisme ou populisme ?

La déclaration de Tebboune pose la question de savoir s’il s’agit d’une véritable intention stratégique ou simplement d’un coup de communication destiné à séduire l’électorat algérien, particulièrement sensible à la cause palestinienne. En effet, la question palestinienne reste un sujet particulièrement mobilisateur en Algérie, où le soutien à la Palestine est ancré dans l’opinion publique et la politique étrangère depuis des décennies.

Certains analystes suggèrent que cette sortie pourrait être une tentative de galvaniser les bases électorales en jouant sur les émotions liées à la solidarité avec le peuple palestinien. Cependant, d’autres estiment que cette déclaration pourrait être un signe de la volonté de Tebboune de se positionner comme un leader arabe fort, prêt à défendre activement les causes arabes sur la scène internationale.

Depuis son arrivée au pouvoir, Tebboune a souvent exprimé son soutien à la cause palestinienne. En 2022, lors du sommet arabe tenu à Alger, il avait déjà déclaré que la question palestinienne était une priorité personnelle. Cependant, au-delà des déclarations de principe, l’Algérie n’a pas joué un rôle central dans les négociations de paix ou dans les initiatives diplomatiques majeures concernant le conflit israélo-palestinien.

En pratique, la diplomatie algérienne s’est souvent limitée à des gestes symboliques, tels que des aides financières à l’Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, mais sans implication directe dans les discussions internationales ou les tentatives de médiation. Ainsi, la dernière déclaration de Tebboune pourrait être perçue comme un décalage entre la rhétorique et les actions concrètes du gouvernement algérien.

Quelle réaction de l’Égypte ?

L’une des clés de la faisabilité d’une intervention algérienne à Gaza réside dans la position de l’Égypte, qui contrôle l’un des rares points d’accès à la bande de Gaza, via le poste frontière de Rafah. Jusqu’à présent, l’Égypte a maintenu une politique stricte de contrôle des flux à cette frontière, ouvrant sporadiquement le passage pour des raisons humanitaires, mais restant globalement réticente à permettre un flux libre de personnes et de matériel qui pourrait alimenter le conflit.

Si l’Égypte, dirigée par le président Abdel Fattah al-Sissi, décidait de ne pas donner suite aux suggestions de Tebboune, cela limiterait grandement la capacité de l’Algérie à intervenir directement. De plus, une telle intervention pourrait compliquer les relations entre l’Algérie et l’Égypte, deux poids lourds du monde arabe ayant souvent des visions divergentes sur les questions régionales.

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