Une décision de justice qui relance le dossier
Ce mercredi, la cour d’appel de Dijon a demandé un interrogatoire officiel de Jacqueline Jacob, âgée aujourd’hui de 80 ans. L’objectif est clair : déterminer si elle peut être mise en examen pour association de malfaiteurs criminelle. C’est une décision rare dans une affaire aussi ancienne, mais qui repose sur de nouveaux éléments, notamment une expertise graphologique jugée convaincante.
La pièce qui réactive cette piste est une lettre anonyme envoyée en 1983 aux parents de Grégory. Cette correspondance, signée par le célèbre « corbeau », est l’une des nombreuses menaces reçues par la famille Villemin avant la mort de l’enfant. D’après les dernières expertises, l’écriture correspondrait à celle de Jacqueline Jacob, ce qui lui vaudrait cette nouvelle convocation judiciaire.
En 2017 déjà, Jacqueline Jacob et son mari avaient été mis en examen pour enlèvement et séquestration suivie de mort, avant que la procédure ne soit annulée pour vice de forme. À l’époque, elle avait refusé de parler. Cette fois, les juges espèrent obtenir des éléments plus concrets pour décider d’un éventuel procès.
Un drame qui a marqué la France
Le 16 octobre 1984, Grégory Villemin, 4 ans, est retrouvé noyé, les poignets et chevilles ligotés, dans la Vologne, une rivière des Vosges. Quelques heures plus tard, son père reçoit une nouvelle lettre signée du corbeau : « Voilà ma vengeance, pauvre con ». L’opinion publique est choquée. Très vite, les soupçons se portent sur Bernard Laroche, un cousin, accusé par sa belle-fille de 15 ans, qui se rétractera plus tard.
Après avoir été relâché, Bernard Laroche est abattu en 1985 par Jean-Marie Villemin, le père de Grégory. Ce geste radical témoigne de la tension extrême autour du dossier. Dans les années suivantes, Christine Villemin, la mère du garçon, sera à son tour mise en cause, avant d’être innocentée.
Depuis, l’affaire Grégory est devenue symbole des failles de la justice : fausses pistes, expertises contradictoires, guerre familiale, pression médiatique… Tout s’est mêlé dans une saga judiciaire hors normes, où la vérité semble toujours échapper.
Un dossier relancé, mais toujours fragile
Les juges ont désormais entre les mains une série d’éléments qui concernent spécifiquement Jacqueline Jacob. Mais le parquet général reste prudent : il estime que les preuves actuelles ne sont pas suffisantes pour une mise en examen ferme. C’est pourquoi la chambre de l’instruction a préféré ordonner une nouvelle audition, sans fixer de date précise.
Jean-Marie et Christine Villemin ont réagi à cette annonce par la voix de leur avocat. Ils expriment une grande émotion et un profond respect pour cette relance judiciaire. Ils comptent participer activement à la suite de la procédure, avec l’espoir que la justice finisse par trancher. De leur côté, les avocats des Jacob minimisent l’importance de cette décision, parlant d’une « non-information » et restant sereins.
Une vérité toujours en attente
Malgré toutes les expertises menées depuis 2008 et les relances régulières du dossier, le mystère autour de la mort de Grégory reste entier. La relance de la piste Jacqueline Jacob pourrait-elle faire basculer l’affaire ? Rien n’est certain, mais elle montre que la justice ne ferme pas totalement la porte à une avancée, même quarante ans plus tard.