Un changement de profil chez les patients
Les non-fumeurs représentent désormais entre 10 et 20 % des cas de cancer du poumon dans le monde, selon les données du Centre international de recherche sur le cancer. Ce chiffre est en progression. Parmi eux, une majorité sont des femmes de moins de 40 ans qui n’ont jamais touché à une cigarette. Le type de tumeur le plus souvent observé est l’adénocarcinome, une forme insidieuse qui se développe dans les tissus glandulaires des poumons.
Le problème majeur avec ce type de cancer est qu’il se développe sans signes évidents. Pas de toux persistante, ni de douleur significative. Ce silence clinique retarde souvent le diagnostic, et dans la majorité des cas, la maladie est repérée à un stade avancé, ce qui réduit considérablement les chances de guérison.
Pollution : un facteur de plus en plus reconnu
Si la cigarette reste un facteur de risque principal, les experts s’accordent à dire que la pollution de l’air joue un rôle grandissant. Les particules fines, notamment celles issues des gaz d’échappement et des activités industrielles, sont capables d’activer des cellules mutantes déjà présentes dans l’organisme. Elles n’endommagent pas directement l’ADN, mais réveillent des cellules à risque, selon plusieurs études récentes menées au Royaume-Uni et aux États-Unis.
Ce qui rend la pollution particulièrement problématique, c’est son omniprésence. Elle touche toutes les zones urbaines, y compris celles qui respectent les normes environnementales actuelles. Les jeunes adultes, qui passent beaucoup de temps à l’extérieur ou en transports en commun, sont donc particulièrement exposés sans en avoir conscience.
Le rôle de la génétique
Chez de nombreuses patientes non-fumeuses, une mutation du gène EGFR a été identifiée. Ce gène, lorsqu’il est altéré, favorise le développement de certaines tumeurs pulmonaires. C’est notamment le cas chez les femmes d’origine asiatique, où cette mutation est plus fréquente. Des thérapies ciblées ont vu le jour pour traiter ces cas spécifiques, avec des résultats prometteurs, mais ces traitements ne sont pas encore accessibles partout ni à tous les patients.
La découverte de ces profils génétiques ouvre de nouvelles perspectives dans la recherche. Elle pourrait permettre un diagnostic plus précoce, à condition que les systèmes de santé s’adaptent. Aujourd’hui, les campagnes de dépistage ciblent principalement les fumeurs, ignorant une partie croissante des patients à risque.
Des politiques de dépistage à revoir
Le focus sur le tabac dans les campagnes de prévention reste fort, mais il montre ses limites. De nombreux médecins alertent sur l’importance d’élargir les critères de dépistage pour inclure les non-fumeurs, en particulier les femmes jeunes. Cette mise à jour des politiques de santé pourrait éviter de nombreux diagnostics tardifs et améliorer les chances de traitement.