Le terme Tana est apparu récemment dans l’argot populaire et sur les réseaux sociaux comme une insulte visant les femmes. Dérivé de l’insulte « p*te », il est utilisé pour juger et discréditer les femmes en fonction de leur tenue, leur maquillage ou leur comportement. Mais face à cette offensive sexiste, les femmes ont rapidement transformé ce terme en un symbole de solidarité et d’émancipation féminine.
Qu’est-ce qu’une tana ?
Le mot Tana est employé comme une insulte sexiste, équivalente à des termes tels que « salope » ou « tchoin ». Sur les plateformes comme TikTok, il est utilisé pour critiquer des femmes simplement en raison de leurs choix vestimentaires ou de leur attitude. Une femme portant un legging, se maquillant ou affichant un comportement jugé « trop libre » est souvent qualifiée de Tana.
Cependant, ce terme a été repris et transformé par de nombreuses femmes pour dénoncer le harcèlement en ligne et la misogynie ambiante.
Le terme trouve probablement ses racines dans l’argot des banlieues, notamment dans le département de l’Essonne. Il a été popularisé par des artistes de rap tels que Niska, qui l’a utilisé dans certaines de ses chansons. Bien que l’origine exacte soit difficile à retracer, l’usage massif de ce mot sur les réseaux sociaux a amplifié sa diffusion.
Tanaland : une réappropriation féministe
Face à l’utilisation massive de l’insulte « Tana », plusieurs femmes sur TikTok ont décidé de transformer cette attaque en un concept de lutte féministe. Ainsi est né Tanaland, un monde imaginaire exclusivement féminin, dépourvu d’hommes, où les femmes peuvent vivre sans crainte de jugement ou de harcèlement.
- Un univers utopique : Tanaland est présenté comme un espace où règnent la liberté, la sororité et la bienveillance. La capitale, nommée Tana City, est imaginée comme un lieu sûr, avec des infrastructures pensées pour les femmes, comme des métros sécurisés et des espaces publics accueillants.
- Un symbole de résistance : Le mouvement Tanaland est perçu comme une réponse directe aux attaques misogynes. Les femmes se filment en train de « préparer leurs valises » pour ce monde imaginaire, affirmant ainsi leur refus de se laisser intimider par les insultes.
- Une identité visuelle forte : Le drapeau de Tanaland est décrit comme étant de couleur rose Barbie, renforçant l’idée d’un espace féminin et festif.
Dans cet univers fictif, plusieurs figures de la pop culture sont imaginées comme les leaders de Tanaland. Aya Nakamura, chanteuse emblématique, est souvent citée comme la Première ministre idéale, tandis que des influenceuses comme Polska et Toomuchlucile sont évoquées pour leur rôle dans la promotion de ce mouvement.
Le mouvement Tanaland a rapidement gagné en popularité, accumulant des millions de vues sur TikTok. Au-delà de l’humour et de l’imaginaire, il constitue une réponse sérieuse à la montée des comportements sexistes en ligne. En se réappropriant l’insulte « Tana », les femmes ont inversé le rapport de force et transformé une attaque en un outil d’empowerment.
Si le mouvement est principalement porté par les femmes, certains hommes ont exprimé leur soutien en ligne. Certains demandent même « un passeport pour Tanaland », une manière humoristique de se montrer solidaires face à ce combat contre la misogynie.