Une mobilisation lancée par les jeunes, mais suivie par tout le pays
Samedi 15 novembre, les manifestations ont éclaté dans plusieurs grandes villes mexicaines. À Guadalajara, épicentre tragique des disparitions forcées, la foule est partie d’une place dédiée aux victimes. Si les organisateurs venaient de la GenZ, les participants dépassaient largement les moins de 30 ans. Des familles entières, des travailleurs, des retraités… la mobilisation s’est rapidement transformée en mouvement intergénérationnel.
Jorge Cabrera, 61 ans, explique cette dynamique avec des mots simples :
« On en a marre de la corruption, des disparitions, des assassinats. On veut que le gouvernement nous écoute. »
Dans d’autres villes, comme Mexico, la tension est montée d’un cran. Des groupes encagoulés ont renversé des barrières près du palais présidentiel et affronté les forces anti-émeutes. Résultat : plus de 120 blessés, en majorité des policiers, et plusieurs arrestations.
La violence qui explose dans les rues
À la capitale, des feux d’artifice artisanaux, des pierres et même des chaînes ont été utilisés contre les forces de l’ordre. Les policiers ont répliqué avec des gaz lacrymogènes et des extincteurs pour disperser les groupes les plus violents.
Le secrétaire à la sécurité, Pablo Vázquez, a rappelé que la majorité des défilés étaient restés pacifiques. Mais la fin de la journée a basculé vers des confrontations chaotiques. Pour beaucoup de jeunes présents, ces violences ne reflètent pas l’esprit du mouvement. Elles illustrent plutôt une frustration accumulée face à un pays touché par l’insécurité quotidienne.
Une jeunesse fatiguée de l’impunité
Ces manifestations s’inscrivent dans une tendance mondiale : de Katmandou à Mexico, la Génération Z s’organise pour dénoncer ce qu’elle perçoit comme des systèmes politiques figés. Au Mexique, les jeunes expriment un sentiment d’abandon. L’assassinat récent du maire Carlos Manzo, figure de la lutte contre les cartels, a renforcé ce malaise.
À Mexico, certains manifestants brandissaient des drapeaux pirates inspirés de One Piece, devenus des symboles de contestation dans plusieurs pays. D’autres portaient les chapeaux de paille associés à Carlos Manzo. Pour beaucoup, sa mort rappelle la difficulté de combattre le crime organisé sans soutien solide de l’État.
Un gouvernement sous pression malgré une forte popularité
La présidente Claudia Sheinbaum reste soutenue par une large majorité de la population, mais les critiques sur sa politique sécuritaire s’intensifient. Le gouvernement accuse l’opposition de droite d’infiltrer la mobilisation et d’utiliser des bots pour amplifier les appels à manifester. Sur place, beaucoup rejettent cette version.
« On nous parle de robots, mais ici il n’y a que des citoyens », insiste Magdalena Carrilo, venue manifester avec sa fille.
Cette défiance montre que le débat dépasse largement les luttes partisanes. Les manifestants réclament plus de sécurité, plus de transparence et une vraie stratégie face aux cartels.
Une contestation qui pourrait compter
Pour l’instant, rien n’indique que la vague de mobilisation fera chuter la popularité de la présidente. Mais un fait est clair : la GenZ mexicaine a mis un coup de projecteur inédit sur l’insécurité et la corruption. Le mouvement, désormais porté par des générations différentes, pourrait bien s’ancrer durablement dans le paysage politique mexicain.
Dans un pays marqué par la violence, cette alliance entre jeunes, familles et opposants politiques ouvre un nouveau chapitre. Reste à savoir si cette dynamique transformera la colère en changement réel, ou si le pouvoir réussira à l’étouffer.
🥁🏴☠️La rébellion mexicaine anti-cartel menée par la génération Z a atteint le palais présidentiel de Claudia Sheinbaum, à Mexico.
— 75 Secondes 🗞️ (@75secondes) November 16, 2025
La foule a démoli le mur que la présidente avait fait ériger quelques jours plus tôt et tente désormais de forcer le passage face aux forces… pic.twitter.com/Vggm5L1Wcq








