Six migrants abattus par l’armée au sud du Mexique

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Le 24 septembre, un événement tragique s’est déroulé au sud du Mexique, dans l’État du Chiapas. Six migrants ont perdu la vie, abattus par des soldats mexicains lors d’une patrouille militaire. Cet incident, survenu à proximité de la frontière guatémaltèque, met en lumière la complexité des enjeux liés à la sécurité dans cette région, ainsi que les conséquences dramatiques des politiques migratoires actuelles.

Selon les autorités mexicaines, les militaires patrouillaient dans une zone connue pour être le théâtre de violences liées aux cartels et aux groupes criminels. Vers 20h50, un convoi de trois véhicules transportant des migrants a attiré l’attention des soldats. L’un des véhicules a accéléré en apercevant la patrouille, déclenchant une poursuite. Deux des véhicules auraient été confondus avec ceux souvent utilisés par les cartels, conduisant à une réponse armée de la part des soldats.

Le bilan est lourd : quatre migrants sont décédés sur place, tandis que deux autres ont succombé à leurs blessures à l’hôpital. Dix autres passagers ont été blessés, et 17 ont survécu sans dommages physiques. Parmi les victimes, aucune précision officielle n’a été apportée concernant leur nationalité, bien que les migrants transportés soient d’origine égyptienne, népalaise, cubaine, indienne et pakistanaise.

Le Chiapas est une région hautement instable en raison des affrontements réguliers entre groupes criminels qui tentent de contrôler les routes de la drogue et des migrants. Cette violence s’est intensifiée ces dernières années, en particulier avec l’arrivée du cartel de Jalisco Nouvelle Génération, rival du cartel de Sinaloa, sur cette partie de la frontière sud du Mexique. Ce territoire est un point stratégique pour les trafics en tout genre, et la militarisation croissante de la zone vise à y rétablir un certain contrôle.

Cependant, cet incident illustre les dangers de cette militarisation. En effet, la confusion entre des groupes armés et des civils, en particulier des migrants fuyant la violence et la pauvreté dans leurs pays d’origine, devient de plus en plus fréquente. Cette situation conduit à une escalade de la violence et à des tragédies comme celle qui s’est produite récemment.

Face à cette tragédie, les autorités internationales ont exprimé leur préoccupation. Le ministère péruvien des Affaires étrangères, par exemple, a confirmé qu’une des victimes était péruvienne et a demandé une enquête urgente pour établir les responsabilités. Par ailleurs, plusieurs agences des Nations Unies, dont celles chargées des réfugiés et des droits de l’homme, ont appelé à une réforme urgente des politiques migratoires. Elles insistent sur la nécessité de créer des voies d’accès sûres et légales pour les migrants afin d’éviter de tels drames.

Les deux soldats impliqués dans la fusillade ont été mis à pied en attendant les résultats de l’enquête menée par le parquet général de la République. De son côté, le ministère de la Défense mexicain a réaffirmé son engagement à respecter l’État de droit et à appliquer une politique d’impunité zéro.

Cet incident intervient dans un contexte politique particulier. Le même jour, la nouvelle présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, a officiellement pris ses fonctions. Elle a immédiatement dû répondre aux critiques concernant la militarisation croissante du pays. Le rôle de l’armée dans la sécurité publique, un sujet controversé, a fait l’objet de vives discussions ces dernières années, avec des organisations internationales qui expriment leur inquiétude quant à l’implication excessive des militaires dans des missions de sécurité intérieure.

En réaction à ces critiques, Claudia Sheinbaum a tenté de justifier la militarisation en affirmant que c’était une nécessité pour lutter contre la criminalité. Toutefois, cet incident tragique met en lumière les risques associés à une telle approche, en particulier dans des zones où les frontières entre les civils et les groupes armés sont floues.

Le sort des migrants traversant le Mexique pour rejoindre les États-Unis reste dramatique. Chaque année, des centaines de milliers de personnes fuient la pauvreté, la violence et l’instabilité dans leurs pays d’origine pour tenter de trouver un refuge de l’autre côté de la frontière nord-américaine. Leur voyage est semé d’embûches, qu’il s’agisse de violences commises par des groupes criminels ou de mauvais traitements infligés par les autorités locales.

Les migrants sont également souvent confrontés à des conditions de transport extrêmement dangereuses, cachés dans des camions surpeuplés, à la merci des trafiquants d’êtres humains. Ces conditions augmentent considérablement leur vulnérabilité et les exposent à des risques mortels.

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