Une enquête déclenchée après des soupçons sur des événements subventionnés
Au cœur de l’enquête : l’organisation de l’Eurovision Junior, un événement international diffusé par France Télévisions, et le Nice Climate Summit, un colloque centré sur l’environnement coorganisé par le média économique La Tribune. Ces deux manifestations ont été largement financées par la municipalité et la métropole niçoises. Le montant de ces subventions s’élèverait à plusieurs centaines de milliers d’euros.
L’affaire prend une tournure sensible puisque les enquêteurs cherchent à déterminer si les financements publics ont été attribués de façon légale. Plusieurs chefs de suspicion sont évoqués : détournement de fonds publics, prise illégale d’intérêts et faux en écriture publique. Les premiers éléments auraient été signalés par des élus écologistes niçois, préoccupés par le flou entourant certains contrats liés au Nice Climate Summit.
Chroniqueuse sur France 2 et épouse de Christian Estrosi, Laura Tenoudji devait initialement animer deux tables rondes lors du sommet climatique. Face à la polémique, elle avait annulé sa participation, indiquant qu’il s’agissait d’un engagement bénévole. Pourtant, selon des éléments révélés par Mediapart, elle aurait aussi été sollicitée pour coanimer la cérémonie d’ouverture de l’Eurovision Junior — une fonction rémunérée dans le cadre d’un événement soutenu par la ville dirigée par son mari.
Une garde à vue menée par la JIRS de Marseille
Initialement ouverte à Nice, l’enquête a été transférée à la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille, compétente pour traiter les affaires complexes de finance publique. Ce lundi, au moins dix personnes ont été convoquées pour être entendues, dont Jean-Christophe Tortora, président du média La Tribune. Des perquisitions avaient déjà eu lieu à la mairie de Nice en novembre 2024, puis de nouveau en avril 2025.
Dans un communiqué publié vendredi dernier, France Télévisions a confirmé la convocation de sa présidente ainsi que de plusieurs salariés et d’une filiale du groupe. L’entreprise publique a indiqué vouloir coopérer pleinement avec les autorités et réserver ses déclarations aux magistrats en charge du dossier. Aucun commentaire officiel n’a encore été apporté sur le fond de l’affaire.
Le silence des autorités locales niçoises reste pour l’instant total. Du côté du parquet, aucune communication ne sera faite à ce stade. Les regards se tournent désormais vers les prochains développements de l’enquête, qui pourraient faire émerger d’éventuelles responsabilités politiques ou administratives, dans un contexte de forte sensibilité à l’éthique publique.