Audiovisuel : pourquoi TF1, France Télé et les géants du secteur sonnent l’alerte

Face à des plateformes comme YouTube ou TikTok qui échappent à certaines règles françaises, les grands noms de l’audiovisuel tirent la sonnette d’alarme. Dans un Livre blanc publié par LaFa, l’association demande une meilleure régulation, une modernisation des règles publicitaires et un soutien fort de l’État. Le but : préserver un secteur clé de la culture française.
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Un modèle économique sous pression

La publication du premier Livre blanc de LaFa marque un tournant. Cette association, fondée en 2024, rassemble des poids lourds du secteur comme TF1, France Télévisions, M6 ou encore les organisations de gestion collective comme la Sacem et l’Adami. Leur constat est clair : le secteur audiovisuel est fragilisé.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le secteur pèse 12,6 milliards d’euros de valeur ajoutée. Mais cette richesse est aujourd’hui en danger, notamment à cause de la montée en puissance de plateformes internationales qui bénéficient de conditions bien plus avantageuses.

Des règles du jeu inéquitables

Le problème principal soulevé par LaFa, c’est l’asymétrie réglementaire. Les chaînes françaises doivent respecter des règles strictes en matière de contenu, de financement de la création, et de publicité. En face, des plateformes comme YouTube, TikTok ou Netflix échappent à une grande partie de ces obligations.

Par exemple, les chaînes de télévision françaises ne peuvent pas diffuser de publicité pour la grande distribution vantant des promotions. Une interdiction typiquement française, qui n’existe pas ailleurs en Europe. Cette restriction freine fortement leur accès aux recettes publicitaires, déjà en baisse depuis plusieurs années.

Un appel à revoir les règles publicitaires

Le Livre blanc plaide pour une révision des interdictions publicitaires. Les acteurs de la filière estiment que ces limitations sont devenues obsolètes et pénalisent uniquement les médias français. Pendant ce temps, les plateformes numériques captent une part croissante du marché pub… sans jamais contribuer au financement de la création locale.

Ce déséquilibre devient inquiétant. L’audiovisuel français doit respecter des quotas de production française, investir dans la fiction, le documentaire, l’animation… Pendant ce temps, les géants du web profitent du même public sans avoir les mêmes devoirs.

Un manque de financement pour l’audiovisuel public

LaFa souligne aussi un autre point crucial : le désengagement progressif de l’État vis-à-vis de l’audiovisuel public. Depuis la suppression de la redevance en 2022, les dotations ont chuté. En euros constants, cela représente 500 millions d’euros de moins entre 2015 et 2023.

Ce recul financier menace directement l’indépendance des chaînes publiques comme France Télévisions ou Radio France. Or, dans un contexte où la désinformation explose, le rôle de ces médias est plus essentiel que jamais.

Un soutien politique jugé urgent

LaFa demande à l’État de garantir un financement stable et pérenne. Des engagements pluriannuels sont réclamés pour offrir de la visibilité aux acteurs publics, et éviter que les décisions budgétaires soient dictées chaque année par des enjeux politiques à court terme.

Cette demande est d’autant plus pressante que l’Assemblée nationale examine actuellement une réforme visant à créer une holding unique pour l’audiovisuel public. Si cette réforme vise à moderniser la gouvernance, elle ne répond pas à la question du financement, qui reste centrale pour les professionnels du secteur.

Préserver l’exception culturelle française

Le Livre blanc se termine sur un message fort : il est temps de protéger l’exception culturelle française. Cette protection passe par un soutien politique, une régulation équitable du marché, et un engagement financier clair pour assurer l’avenir de l’audiovisuel national.

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