L’État bloque et contrôle 200 000 colis Shein à Roissy

C’est une opération présentée comme inédite et « d’ampleur exceptionnelle » : à l’aéroport de Roissy–Charles de Gaulle, l’État français bloque et ouvre 200 000 colis Shein pour les contrôler un par un. En plein scandale autour de produits illégaux et dangereux vendus sur la plateforme, le gouvernement veut frapper fort et envoyer un signal clair au géant chinois du e-commerce… et à tous les autres.
shein roissy

Pourquoi l’État bloque tous ces colis Shein ?

Depuis plusieurs jours, Shein est au cœur d’une polémique majeure : des poupées à caractère pédopornographique et même des armes de catégorie A ont été repérées sur la marketplace du site, déclenchant une réaction immédiate des autorités françaises.

Mercredi, le gouvernement a lancé une procédure de suspension de la plateforme en France. Dans la foulée, une opération massive est décidée à Roissy : 100 % des colis Shein arrivés depuis 24 heures sont bloqués et vont être ouverts pour vérifier ce qu’ils contiennent vraiment.

Objectif officiel : alimenter les procédures en cours (administratives, judiciaires et européennes) avec des preuves concrètes sur les produits non conformes vendus via Shein.

Une opération XXL à Roissy–Charles de Gaulle

200 000 colis passés au crible

À Roissy, l’un des plus gros hubs de fret en Europe, l’opération est impressionnante : 200 000 colis Shein sont alignés, ouverts, triés. Chaque année, environ 95 % des colis venant de Chine transitent par cet aéroport avant d’être distribués partout en France, ce qui en fait un point de contrôle stratégique pour tout le e-commerce low cost.

Sur place, les équipes mobilisées sont nombreuses : douaniers, DGCCRF (répression des fraudes), gendarmerie du transport aérien et parquets se coordonnent pour vérifier :

  • la nature des produits (jouets, cosmétiques, électroménager, vêtements…)
  • leur conformité aux normes européennes
  • la véracité des déclarations (valeur, contenu, origine)
  • le respect des règles fiscales et douanières

Selon les premiers contrôles, de nombreux produits non conformes ou illicites sont déjà repérés : cosmétiques non autorisés, jouets dangereux pour les enfants, contrefaçons, appareils électriques défaillants.

Un bras de fer politique et économique

Derrière cette opération très visible, il y a un bras de fer plus large entre l’État français et les plateformes de fast fashion et de discount ultra bon marché. Les autorités dénoncent :

  • des produits souvent dangereux ou non conformes
  • des règles fiscales contournées
  • une concurrence jugée déloyale envers les commerçants français

Le gouvernement veut montrer que les géants du e-commerce ne peuvent plus se cacher derrière l’argument des « vendeurs tiers » pour éviter leur responsabilité. L’idée est simple : si un produit illégal circule sur ta plateforme, tu es responsable.

Qu’est-ce que ça change pour les clients de Shein ?

Des livraisons bloquées et des retards à prévoir

Concrètement, si tu as commandé récemment sur Shein, ton colis fait peut-être partie des 200 000 paquets bloqués à Roissy. Tant que la fouille n’est pas terminée, il ne bougera pas. Résultat : retards de livraison très probables pour de nombreux clients français.

Si ton colis contient un produit jugé dangereux, contrefait ou illégal, il pourra être :

  • confisqué, puis détruit
  • ou faire l’objet d’une procédure spécifique si une infraction grave est constatée

Tu ne seras pas poursuivi si tu as acheté un article sans savoir qu’il était illégal. Mais tu peux tout simplement ne jamais le recevoir.

Shein risque quoi derrière ?

En parallèle de ces contrôles, plusieurs niveaux de sanctions sont sur la table :

  • Suspension de la plateforme en France si Shein ne se met pas en règle dans les 48 heures
  • sanctions européennes possibles dans le cadre du DSA (règlement sur les services numériques), avec des amendes pouvant atteindre jusqu’à 6 % du chiffre d’affaires mondial
  • enquêtes judiciaires pour les produits les plus graves (armes, poupées pédopornographiques, etc.)

Face à la pression, Shein a déjà annoncé la suspension des produits issus de vendeurs tiers et de certaines catégories non liées à l’habillement, en promettant de « collaborer avec les autorités françaises ». Mais rien ne garantit pour l’instant que cela suffira.

Un message envoyé à toute la fast fashion en ligne

Cette offensive sur les 200 000 colis Shein à Roissy, ce n’est pas seulement une histoire de cartons ouverts dans un entrepôt. C’est un signal envoyé à toutes les grandes plateformes de vente à bas prix : l’ère de l’impunité sur les produits illégaux touche peut-être à sa fin.

Pour les consommateurs, et en particulier les jeunes très attirés par la fast fashion, cette affaire rappelle une réalité souvent invisible : derrière un panier à 30 € livré depuis l’autre bout du monde, il y a des risques de sécurité, des questions éthiques et un cadre légal qui se resserre.

Shein joue gros dans ce dossier. Mais au-delà de cette marque, c’est tout le modèle du e-commerce ultra low cost qui se retrouve dans le viseur des autorités françaises et européennes.

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