Shein, accusé à plusieurs reprises de non-respect des normes sociales et environnementales, a annoncé début décembre la création de comités régionaux pour améliorer sa politique de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Christophe Castaner, aux côtés de l’ancienne secrétaire d’État Nicole Guedj et de Bernard Spitz, ancien président de la Fédération française de l’assurance, a été choisi pour intégrer le comité couvrant l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient.
Shein justifie ce choix par l’expérience de M. Castaner dans l’administration publique et sa position de président du conseil de surveillance du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM). Selon la société, il jouera un rôle clé pour « conseiller Shein dans ses orientations stratégiques en Europe« , notamment sur les enjeux sociaux et environnementaux.
La nomination de Christophe Castaner a provoqué une vague d’indignation dans le monde de la mode. La Fédération française du prêt-à-porter féminin a exprimé sa colère face à ce qu’elle qualifie de tentative de greenwashing :
« Cette nomination témoigne d’une tentative manifeste de redorer l’image d’une entreprise qui inonde le marché de vêtements de mauvaise qualité et freine les efforts législatifs en cours », a déclaré Yann Rivoallan, président de la fédération.
Cette critique intervient à un moment où le Sénat s’apprête à examiner une loi anti fast fashion, déjà adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale. Ce texte vise à instaurer des pénalités environnementales pour les entreprises les moins vertueuses et à promouvoir des pratiques responsables dans l’industrie textile. Pour beaucoup, la nomination de M. Castaner chez Shein est perçue comme une tentative de lobbying pour affaiblir cette législation.
Shein est souvent pointé du doigt pour ses pratiques controversées. Parmi les accusations figurent :
- Recours au travail forcé, notamment dans la région du Xinjiang.
- Conditions de travail déplorables dans ses usines, révélées par des enquêtes d’ONG.
- Impact environnemental massif, avec des vêtements jetables et un modèle basé sur la surproduction (7 200 nouveaux modèles par jour).
Selon une enquête de Public Eye, les ouvriers travaillant pour Shein peuvent effectuer jusqu’à 12 heures de travail par jour, avec un seul jour de repos par mois. Ces pratiques contrastent fortement avec les engagements affichés par l’entreprise sur la durabilité et la responsabilité sociale.
Les professionnels de la mode française dénoncent une concurrence déloyale. Shein, avec sa production massive et ses prix ultra compétitifs, exerce une pression sur les marques locales, qui peinent à rivaliser tout en respectant des normes strictes.
Jocelyn Meire, président de la marque marseillaise Mode in Sud, résume bien cette situation :
« Ce recrutement démontre les moyens colossaux dont dispose Shein pour influencer les politiques. Si nous voulons une mode plus respectueuse de l’environnement et des emplois locaux, il est urgent d’agir. »