Un candidat très jeune… et déjà très controversé
À Toulon, peu de candidats affichent un parcours aussi chaotique qu’Eddie Goujit. Né en 2007, le jeune homme s’est fait remarquer bien avant d’annoncer sa candidature aux municipales de 2026. Durant plusieurs mois, il aurait usé de faux titres, inventé des relations politiques et accumulé les démarches d’escroquerie pour profiter d’hôtels, de restaurants ou encore pour promettre de fausses subventions à des associations.
Selon les enquêteurs, il se serait tour à tour présenté comme proche du président de la République, secrétaire d’État fictif ou encore petit-fils d’un ancien maire. Des histoires tellement nombreuses qu’il devenait difficile de démêler ce qui relevait de la comédie, du mensonge ou d’une volonté assumée de manipulation.
Une détention provisoire de 96 jours
En août 2025, les choses s’accélèrent : Eddie Goujit est mis en examen pour faux et usage de faux, usurpation de titres, escroqueries et vols. Le jeune candidat est incarcéré à la prison de La Farlède, dans le Var.
Son avocat parle d’un choc violent pour son client, qui aurait vécu « des conditions éprouvantes ». Après 96 jours derrière les barreaux, il est finalement remis en liberté et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de quitter le territoire.
« Il était enfermé dans une spirale dont il n’arrivait plus à sortir », explique son avocat, qui affirme qu’Eddie Goujit reconnaît une partie des faits.
Entre storytelling politique et réalité judiciaire
Politiquement, le jeune homme navigue à droite toute. Après un passage éclair chez les Jeunes avec Macron, il a récemment pris sa carte au Rassemblement national. Un soutien assumé, qu’il ne cache ni en ligne ni dans ses prises de parole. Ses proches assurent que, s’il échoue au premier tour, il appellera à voter RN.
Sur ses réseaux sociaux, il se décrit comme un « animateur tout-terrain », « expert en bonne humeur » et porteur d’« un brin de folie ». Une image légère qui contraste fortement avec les accusations judiciaires qui pèsent sur lui.
Derrière le personnage public se trouve un jeune homme issu d’un milieu modeste : fils d’un garagiste et d’une auxiliaire de vie, fan du RCT, il aurait grandi toujours entre Toulon et La Seyne-sur-Mer.
De nombreuses victimes identifiées
D’après les investigations, au moins 19 victimes présumées d’Eddie Goujit ont été identifiées. Restaurateurs, hôteliers, associations, particuliers… Beaucoup expliquent avoir été séduits par un jeune homme sûr de lui, très bavard et capable de s’inventer un CV politique en quelques phrases.
L’un d’eux raconte :
« Je le prenais pour un farfelu, un élu, certes, mais farfelu. Il retourne le cerveau aux gens. »
La brigade financière de Toulon poursuit l’enquête pour démêler l’ensemble des faits, certains remontant à 2023.
Rester candidat, vraiment ?
Malgré les accusations, Eddie Goujit maintient pour l’instant sa candidature. Selon un proche, il ne se retirera que s’il sent « un manque de confiance » de la part des habitants. Une posture étonnante, mais cohérente avec son goût prononcé pour la mise en scène et les rebondissements.
Libéré mais sous surveillance, il a promis une vidéo pour « tout expliquer ». En attendant, sa présence dans la campagne toulonnaise ajoute un parfum inédit à cette élection, mêlant jeunesse, scandale et ambition politique précoce.
Une chose est sûre : à Toulon, l’affaire Eddie Goujit n’a pas fini de faire parler.








