Une évasion discrète mais efficace
L’évasion d’Élyazid Ahamada n’a pas été remarquée immédiatement. Selon plusieurs sources, le détenu aurait profité de la fin de peine de son codétenu pour se glisser dans l’un de ses sacs, utilisé lors des sorties de prison. Ce n’est que le lendemain que l’absence du jeune homme a été détectée par l’administration pénitentiaire.
Cette méthode de fuite, jugée extrêmement rare, a surpris les responsables. D’après les premières informations, aucun membre du personnel n’aurait remarqué l’irrégularité au moment de la sortie du codétenu, dont le sac contenait probablement plus de 50 kg.
Un détenu connu des services judiciaires
Né en 2004 à Mamoudzou, à Mayotte, Élyazid Ahamada exécutait plusieurs peines de prison au moment de son évasion. Il était mis en examen dans une affaire liée à la criminalité organisée. Le parquet de Lyon précise qu’il faisait l’objet d’un mandat de dépôt dans le cadre d’une enquête pour meurtre en bande organisée et association de malfaiteurs.
Selon des documents judiciaires, il est également suspecté d’implication dans des affaires liées à l’acquisition et au transport d’armes de catégorie A et B, parfois en réunion, ce qui alourdit son profil pénal.
Un précédent en 2022
D’après une enquête du Parisien, Élyazid Ahamada aurait partagé une cellule à Corbas en 2022 avec un autre détenu soupçonné d’être tueur à gages. Cette cohabitation n’avait à l’époque pas donné lieu à un signalement particulier, mais elle souligne l’environnement carcéral dans lequel il évoluait.
Interpol saisie, une notice rouge lancée
Le dimanche suivant l’évasion, Interpol a émis une notice rouge à son encontre. Cette alerte internationale permet aux forces de l’ordre de tous les pays membres de localiser et éventuellement interpeller le fugitif en attendant une éventuelle extradition.
« Il est recherché pour des infractions graves telles que meurtre en bande organisée, transport d’armes de guerre sans motif légitime, et participation à une association de malfaiteurs. »
— Notice rouge d’Interpol
La photo d’Élyazid Ahamada, ainsi que ses informations personnelles, ont été rendues publiques dans cette alerte, accentuant la portée de la recherche au niveau mondial.
Une enquête pénale et interne en cours
Le parquet de Lyon a ouvert une enquête pour évasion en bande organisée. Le dossier a été confié à la Division de la criminalité organisée et spécialisée (DCOS) du Rhône. Les enquêteurs cherchent à déterminer si le codétenu libéré a agi seul ou avec complicité, ou si d’autres acteurs ont pu faciliter cette fuite.
En parallèle, l’administration pénitentiaire a lancé une enquête interne. Selon le directeur général, Sébastien Cauwel, cette évasion met en lumière plusieurs défaillances au sein de l’établissement.
« C’est un événement rare, que nous n’avions jamais connu dans cette administration. Il y a manifestement une série de dysfonctionnements graves. »
— Sébastien Cauwel, directeur de l’administration pénitentiaire
Un contexte de surpopulation carcérale
La maison d’arrêt de Corbas, comme beaucoup d’établissements en France, souffre de surpopulation chronique. Au 1er juin 2025, le taux d’occupation était de plus de 180 %, avec plus de 1 200 détenus pour seulement 678 places.
Certains syndicats pointent cette surcharge comme un facteur aggravant les difficultés de gestion des flux, notamment lors des transferts et des sorties. Le manque de personnel peut également expliquer l’absence de contrôle rigoureux au moment de la levée d’écrou du codétenu.
Une traque toujours en cours
À ce jour, Élyazid Ahamada reste introuvable. La traque est menée en collaboration avec les services internationaux grâce à la notice rouge. Le codétenu libéré est également recherché pour complicité potentielle. Les autorités appellent à la vigilance et à toute information pouvant permettre de localiser le fugitif.