Ils écrivent AESH, les agents voient DAESH, à Champigny

À Champigny-sur-Marne, une mobilisation pour obtenir plus d’AESH a pris un tournant inattendu. Des banderoles installées par des parents devant l’école Simone-Veil ont été retirées par des agents municipaux, convaincus qu’elles faisaient référence à Daech. Un quiproquo qui relance, malgré lui, le débat sur le manque d’accompagnants pour les élèves en situation de handicap.
aesh daesh

Une action simple qui vire au malentendu

Le 7 novembre, des parents d’élèves accrochent plusieurs affiches blanches écrites en rouge devant l’école. Leur message est clair : « SOS AESH », « L’école a besoin d’AESH ». Ils soutiennent depuis des semaines l’équipe enseignante, qui alerte sur un manque criant de personnel pour accompagner les élèves en situation de handicap.

Trente minutes plus tard, trois ASVP interviennent. Selon le récit syndical, les agents jugent que les inscriptions pourraient être confondues avec celles d’une organisation terroriste. L’un d’eux aurait même lâché :

« On dirait que c’est écrit Daesh. »

Les parents, surpris, obtempèrent. Leur objectif n’a jamais été d’alimenter une polémique, mais de visibiliser un besoin réel : dans cette école, il manquerait près de dix postes d’AESH.

La mairie assume l’intervention

Contactée par plusieurs médias, la municipalité confirme l’intervention. Elle évoque deux raisons : l’absence d’autorisation d’affichage sur un bâtiment municipal, et une possible confusion entre AESH et Daech. Le cabinet du maire estime que l’une des banderoles pouvait toucher à une sensibilité sécuritaire.

Pour le syndicat FSU-SNUipp 94, cette décision est disproportionnée. Ses représentants affirment que les propos tenus par les agents ont été vécus comme une mise en cause injuste des familles, issues d’un quartier populaire.

Des besoins urgents qui restent sans réponse

Derrière cette séquence surréaliste, le fond du problème reste le même : trop d’élèves en situation de handicap attendent un accompagnement. Dans cette école de Champigny, les syndicats estiment que la situation dure depuis plus d’un an. Un poste a bien été accordé récemment, mais les besoins restent massifs.

À l’échelle nationale, des milliers d’enfants restent sans solution. Le ministère de l’Éducation avait reconnu que plus de 40 000 élèves attendaient encore un accompagnant cette année.

Une affaire qui devient politique

L’incident dépasse vite le cadre scolaire. À l’approche des municipales, certains élus locaux dénoncent une intervention perçue comme une manière de décourager la mobilisation des parents. D’autres défendent au contraire la décision, estimant qu’une autorisation était nécessaire et qu’un doute sur le message justifiait une réaction.

Pour les familles mobilisées, cette affaire ne devrait pas masquer l’essentiel : obtenir enfin les AESH nécessaires pour assurer une scolarité digne à leurs enfants.

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