Inoxtag hors la loi avec son film Kaizen

inoxtag mk2

Diffusé dans 500 cinémas le 13 septembre 2024, le film a attiré plus de 300 000 spectateurs en quelques heures, un record impressionnant. Le lendemain, le documentaire a été mis en ligne gratuitement sur YouTube, où il a rapidement atteint 28 millions de vues en moins d’une semaine. Ce double succès a renforcé la popularité d’Inoxtag auprès de son jeune public, déjà fidèle sur ses plateformes sociales.

Le film Kaizen n’est pas seulement une simple retranscription de l’ascension du plus haut sommet du monde. Il véhicule un message de développement personnel, inspiré du concept japonais « kaizen », qui signifie s’améliorer un peu chaque jour. Ce message, couplé à une narration personnelle et authentique, a séduit les spectateurs, qui y ont vu bien plus qu’une simple aventure sportive.

Un contournement de la chronologie des médias

Malgré l’enthousiasme suscité par ce projet, Inoxtag est désormais accusé de ne pas avoir respecté les règles strictes de la chronologie des médias en France. Ces règles, établies pour protéger l’industrie cinématographique, imposent un délai de plusieurs mois entre la sortie d’un film en salle et sa diffusion sur d’autres supports, tels que la télévision ou les plateformes de streaming.

En temps normal, un long-métrage diffusé au cinéma ne peut être proposé en VOD que quatre mois après sa sortie, puis sur des services comme Canal+ après six mois, et enfin sur des plateformes de streaming comme Netflix après 15 à 17 mois. Ce délai permet de maximiser les revenus du film à chaque étape de sa diffusion. Dans le cas de Kaizen, Inoxtag a rendu son documentaire disponible sur YouTube seulement quelques heures après sa projection en salle, violant ainsi cette règle.

Le rôle du CNC et les risques encourus

Le Centre National du Cinéma et de l’Image Animée (CNC), l’organisme en charge de réguler l’industrie cinématographique en France, a rapidement pris des mesures. Le CNC a signalé cette violation au procureur de la République, demandant une enquête sur la diffusion illégale du film. Le Bureau de liaison des organisations du cinéma (BLOC) a également exprimé son mécontentement, réclamant des sanctions contre MK2, la société qui a distribué le film, ainsi que contre Inoxtag lui-même.

Il est important de noter que pour pouvoir diffuser Kaizen dans les salles de cinéma, Inoxtag a bénéficié d’un visa d’exploitation exceptionnel, accordé pour un nombre limité de séances. Ce visa permet à un film non prévu pour le cinéma d’être projeté durant un maximum de deux jours et sur 500 séances. Cependant, face à la demande massive, certaines salles ont ajouté des séances supplémentaires, portant le total à 800 projections, ce qui dépasse largement le seuil autorisé.

Si les infractions sont confirmées, MK2 et Inoxtag risquent une amende pouvant aller jusqu’à 45 000 euros, selon les réglementations en vigueur.

Cette situation soulève un débat plus large dans l’industrie du cinéma. Pour de nombreux professionnels du secteur, l’affaire Kaizen illustre la nécessité de réformer la chronologie des médias à l’ère du numérique. Alors que les plateformes de streaming dominent désormais la diffusion de contenu audiovisuel, certains estiment que les règles actuelles sont trop rigides et ne correspondent plus aux habitudes de consommation modernes.

Le président de la Fédération des cinémas français, Richard Patry, a exprimé ses préoccupations face à cette infraction. Pour lui, cette affaire met en lumière les tensions entre les salles de cinéma traditionnelles et les nouvelles formes de diffusion en ligne. Toutefois, certains voient dans cette situation une opportunité de réfléchir à une adaptation des lois actuelles afin de mieux intégrer les créateurs de contenu numérique comme Inoxtag dans le paysage cinématographique.

Malgré cette controverse, Kaizen reste un immense succès. Le film continue d’attirer des millions de vues sur YouTube, et l’aventure d’Inoxtag inspire de nombreux jeunes. Toutefois, les conséquences juridiques de cette infraction pourraient affecter l’image du YouTubeur et son avenir dans l’industrie du cinéma. Quoi qu’il en soit, Inoxtag a prouvé qu’il était possible de révolutionner la distribution cinématographique, mais à quel prix ?

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