Un drame qui révèle les dérives de Kick
Dans la nuit du 17 au 18 août 2025, Jean Pormanove est décédé en plein live. Ses souffrances, diffusées depuis plusieurs jours, ont été suivies par des milliers d’internautes. Ses partenaires de stream, connus sous les pseudos « Naruto » et « Safine », ont stoppé la diffusion lorsqu’ils ont constaté qu’il ne répondait plus. Mais il était déjà trop tard.
Ce drame a immédiatement mis en lumière les failles de Kick, une plateforme déjà critiquée pour son absence de modération efficace et ses contenus jugés violents ou toxiques.
Qu’est-ce que Kick ?
Lancée en 2022 en Australie, Kick se présente comme un concurrent direct de Twitch. Le principe est simple : des créateurs diffusent leurs vidéos en direct, et les spectateurs peuvent interagir via le chat ou des dons. La particularité de Kick est sa politique de rémunération ultra-avantageuse : 95 % des revenus vont aux streamers, contre 50 à 70 % sur Twitch.
Cette générosité financière a attiré de nombreux créateurs, notamment ceux bannis ou limités sur d’autres plateformes. Mais elle a aussi attiré des profils plus sulfureux, friands de provocations et de contenus extrêmes.
Pourquoi Kick est critiquée
Si Kick séduit par son modèle économique, elle est souvent dénoncée pour son laxisme en matière de modération. Jeux d’argent, discours haineux, humiliations et même violences physiques ont pu y circuler sans être immédiatement supprimés. L’affaire Pormanove n’est donc pas un accident isolé, mais l’aboutissement d’un système permissif.
Déjà en 2024, une enquête de Mediapart révélait l’existence de vidéos violentes impliquant Jean Pormanove et un autre membre du collectif « Lokal ». Ces révélations avaient mené à une enquête judiciaire pour violences volontaires. Mais malgré ces alertes, la chaîne avait continué ses diffusions.
Une image sulfureuse
Kick a bâti son succès sur une réputation de plateforme « libre », où les créateurs pouvaient repousser les limites sans craindre les bannissements rapides imposés ailleurs. Résultat : certains y voyaient une nouvelle scène pour expérimenter, d’autres un terrain de jeu dangereux pour tester des contenus choquants.
Les réactions après la mort de Jean Pormanove
Face à l’ampleur du drame, les autorités françaises ont réagi. Clara Chappaz, ministre déléguée au Numérique, a déclaré :
« La responsabilité des plateformes en ligne sur la diffusion de contenus illicites n’est pas une option : c’est la loi. Ce type de défaillances peut conduire au pire. »
L’Arcom a été saisie et un signalement a été transmis au portail Pharos. Kick, de son côté, s’est contentée d’exprimer sa « profonde tristesse » et d’assurer collaborer avec les enquêteurs. Mais pour beaucoup, cette réponse est trop tardive.
Une communauté en question
Le décès de Jean Pormanove a choqué ses abonnés, mais aussi les spectateurs du stream. Certains se sentent coupables d’avoir assisté passivement à la descente aux enfers d’un homme. D’autres dénoncent un « business de la souffrance », où plus la violence augmentait, plus les spectateurs payaient et encourageaient.
Ce modèle économique, basé sur le spectacle extrême, montre les dérives d’un système où la souffrance devient un produit de divertissement. La communauté en ligne s’interroge : jusqu’où peut-on aller pour faire de l’audience ?
Vers un tournant pour Kick ?
Avec plus de 50 millions d’utilisateurs dans le monde, Kick est devenue une plateforme incontournable en quelques années. Mais l’affaire Jean Pormanove pourrait marquer un tournant. Si les autorités renforcent la régulation et que les annonceurs fuient, le modèle « sans filtre » risque de ne plus être viable.