Pour lui, la solution est simple :
Vous refusez de repartir ? Très bien, direction Saint-Pierre-et-Miquelon, sans retour possible pour l’Europe.
Ce territoire français d’outre-mer, isolé au large du Canada, serait donc utilisé comme lieu de relégation pour les personnes sous OQTF, car il ne fait pas partie de l’espace Schengen.
Un climat volontairement dissuasif
Laurent Wauquiez insiste sur l’effet dissuasif de l’environnement local. Avec une température moyenne annuelle autour de 5 degrés, des centaines de jours de pluie et de neige, il estime que ce cadre pousserait rapidement les étrangers concernés à préférer le retour dans leur pays d’origine.
Il justifie cette approche en comparant la France à d’autres pays comme l’Australie, qui renvoie les migrants illégaux sur des îles éloignées comme Nauru. Pour lui, il est temps de passer à des mesures fortes et visibles :
Aujourd’hui, on prononce 140 000 OQTF, mais on n’en exécute que 13 000. C’est la preuve d’un système inefficace.
En plus du transfert vers Saint-Pierre-et-Miquelon, il propose d’allonger la durée de rétention administrative. Alors que la limite actuelle est de 90 jours en France, Wauquiez cite les exemples de l’Italie (18 mois) ou du Royaume-Uni (illimitée). Il souhaite calquer la politique française sur ces pays pour rendre les expulsions plus efficaces.
Il appelle également à « ne pas attendre un nouveau drame » pour agir, en référence à des affaires criminelles impliquant des personnes sous OQTF. Il dénonce ce qu’il appelle « la folie de libérer des individus dangereux au bout de quelques semaines ».
Un tollé immédiat dans la classe politique
La proposition de Wauquiez a provoqué une vague de réactions indignées. Le ministre des Outre-mer, Manuel Valls, a immédiatement dénoncé une idée « indigne » et rappelé que Saint-Pierre-et-Miquelon est un territoire français, pas une prison. Il a fustigé une logique de relégation digne « d’un autre siècle ».
Les élus locaux ont également vivement réagi. Stéphane Lenormand, député de l’archipel, a parlé de « mépris » envers ses concitoyens. Le président de la collectivité territoriale, Bernard Briand, a dénoncé une vision « punitive » de leur territoire et ironisé en comparant Wauquiez à « un Donald Trump de chez Wish ».
Du côté de la droite, certains soutiens se font discrets, tandis que d’autres expriment des doutes. La comparaison avec Donald Trump revient régulièrement, bien que Wauquiez assure qu’il s’inspire davantage des politiques migratoires australiennes.
Il dénonce un système bloqué par « la tyrannie des cours suprêmes », et affirme vouloir modifier la Constitution pour que la loi française prime sur les traités internationaux. Il évoque également un référendum sur l’accès des étrangers aux aides sociales.
Saint-Pierre-et-Miquelon, un symbole qui ne passe pas
Le choix de ce territoire d’outre-mer comme lieu d’enfermement reste l’élément le plus critiqué de sa proposition. Entre accusations de stigmatisation, références au bagne de Cayenne ou encore colère des habitants, le climat est électrique.
Marine Le Pen elle-même a jugé que « les OQTF doivent retourner dans leur pays, pas dans un territoire français », ajoutant que « les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon ne sont pas des sous-citoyens ».
Cette sortie médiatique intervient à quelques semaines du congrès des Républicains, où Laurent Wauquiez espère reprendre la tête du parti. Il joue la carte de la rupture totale et veut incarner une droite de combat, face à ce qu’il considère comme « l’échec du macronisme ».
Face à lui, d’autres figures comme Bruno Retailleau apparaissent plus institutionnelles. La sortie de Wauquiez, aussi radicale que médiatique, pourrait redessiner les lignes du parti dans les prochaines semaines.