Pendant près de 30 ans, cet homme a profité de son statut de médecin pour abuser de jeunes patients, souvent âgés d’une dizaine d’années, dans plusieurs hôpitaux et cliniques à travers la France. L’ampleur des faits et le nombre de victimes identifiées ont nécessité une organisation judiciaire exceptionnelle.
Un chirurgien au-dessus de tout soupçon
Le Scouarnec a exercé dans de nombreux établissements, notamment dans le Morbihan, le Finistère, la Charente-Maritime, l’Indre-et-Loire et la Loire-Atlantique. Durant ces années, il a su dissimuler ses actes derrière son image de professionnel respecté.
Les investigations ont révélé des carnets intimes où il consignait méticuleusement ses agressions, décrivant des actes d’une violence insoutenable. Ces documents ont joué un rôle clé dans l’identification des victimes, dont certaines n’avaient aucun souvenir précis des faits subis.
Un procès d’une ampleur inédite
Face à l’ampleur des accusations, la justice a dû adapter l’organisation du procès. Plus de 60 avocats sont mobilisés pour représenter les parties civiles. Une nouvelle salle d’audience a été aménagée à Vannes pour accueillir jusqu’à 500 personnes par jour.
Les premiers jours seront consacrés à l’examen de la personnalité de l’accusé ainsi qu’à l’étude des preuves accumulées par les enquêteurs. Par la suite, la cour criminelle entendra les témoignages des victimes, établissement par établissement.
Des faits accablants
Les accusations reposent sur plusieurs centaines de témoignages et sur les journaux intimes de l’accusé, où il décrit avec précision ses pulsions et ses actes. Certains passages, insoutenables, confirment une préméditation méthodique et un abus de confiance systématique.
À Ancenis, où il a exercé entre 2004 et 2013, il aurait abusé de 17 jeunes patients, parfois âgés de trois ans seulement. Dans son journal, il détaille comment il profitait des moments d’absence des parents ou du personnel médical pour passer à l’acte.
Derrière son apparence de médecin compétent et apprécié, Joël Le Scouarnec menait une double vie. Son entourage professionnel ne s’est jamais douté de ses agissements criminels. Ses collègues le décrivent comme un chirurgien efficace, mais discret.
Certains témoignages soulignent toutefois des comportements étranges, comme une hygiène douteuse et une attitude distante. Personne n’a jamais soupçonné l’ampleur des crimes qu’il commettait dans l’ombre.
Les répercussions psychologiques sur les victimes sont dévastatrices. Certaines ont découvert des années après ce qu’elles avaient subi, en lisant les carnets de l’accusé. D’autres ont longtemps cru avoir imaginé ces souvenirs traumatiques.
Un patient opéré à Jonzac en 2012 raconte ainsi avoir souffert de troubles relationnels et d’angoisses sans en comprendre l’origine, jusqu’à ce que les enquêteurs lui révèlent les écrits de l’accusé. Pour d’autres, le choc a été si violent qu’ils ont préféré ne pas porter plainte.
Le procès devrait durer plusieurs mois, avec des réquisitions attendues en mai et un verdict prévu début juin. Les victimes espèrent une condamnation exemplaire, d’autant que l’accusé a déjà été condamné en 2020 à 15 ans de prison pour des viols et agressions sexuelles sur mineurs.
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