Le prochain pape sera africain ?

Depuis plusieurs décennies, le visage du catholicisme mondial évolue rapidement. Si l’Europe a longtemps été le centre du christianisme, c’est aujourd’hui l’Afrique qui porte la croissance de l’Église. Le continent compte désormais près de 20 % des catholiques mondiaux, selon les dernières données du Vatican. À titre de comparaison, au début du XXᵉ siècle, ils étaient moins d’un million. Aujourd’hui, plus de 265 millions de fidèles africains sont recensés.
fridolin ambongo besungu

Cette dynamique s’explique par une forte vitalité religieuse, avec des taux de pratique élevés. Au Nigeria, 94 % des catholiques assistent à la messe chaque semaine, un chiffre impressionnant par rapport aux taux observés en Europe ou en Amérique du Nord.

Les cardinaux africains sur le devant de la scène

Pour de nombreux observateurs, il est logique que le prochain chef de l’Église catholique reflète cette nouvelle réalité. Plusieurs cardinaux africains sont aujourd’hui considérés comme des papabili sérieux, terme utilisé pour désigner les candidats potentiels à la papauté.

Fridolin Ambongo Besungu : la voix du Congo

Le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque de Kinshasa, est l’un des visages les plus marquants. Militant pour la paix en République démocratique du Congo, il est également connu pour son opposition à la dictature et sa participation active aux débats théologiques contemporains.

Peter Turkson : un diplomate chevronné

Originaire du Ghana, le cardinal Peter Turkson a longtemps occupé des fonctions importantes au Vatican, notamment à la tête du Conseil pontifical Justice et Paix. Son engagement pour une économie plus éthique et ses prises de parole sur la scène internationale font de lui un candidat respecté.

Robert Sarah : un conservatisme assumé

Ancien préfet de la Congrégation pour le culte divin, le cardinal Robert Sarah est connu pour son attachement profond à la tradition. À 79 ans, son âge limite ses chances, mais sa stature impressionne. Sa vision rigoureuse de l’Église plaît particulièrement aux cardinaux les plus conservateurs.

Une Église africaine marquée par un certain conservatisme

L’un des paradoxes majeurs est que l’Église africaine est considérée comme très conservatrice sur les questions morales. Cette tendance pourrait compliquer l’élection d’un pape africain, car beaucoup de cardinaux souhaitent poursuivre l’ouverture engagée sous le pape François.

Même si le nombre de cardinaux africains a progressé ces dernières années, il reste inférieur à leur poids démographique. En 2025, seulement 13 % des électeurs seront africains, contre près de 20 % des fidèles catholiques mondiaux.

Le rôle du Saint-Esprit et la surprise du conclave

Traditionnellement, les catholiques considèrent que l’élection du pape est guidée par l’Esprit Saint. Cela explique pourquoi les pronostics sont toujours incertains. En 2013, l’élection du pape François avait surpris le monde entier.

Une symbolique forte mais des enjeux plus profonds

La question d’un pape africain est lourde de symboles. Mais pour de nombreux théologiens africains, l’origine géographique ne doit pas être le seul critère. Ce qui compte, c’est la capacité du futur pape à incarner l’universalité de l’Église.

Même si l’Afrique gagne en poids au sein de l’Église, certains experts dénoncent un racisme persistant. Certains craignent qu’un pape africain soit perçu comme un simple « pape symbolique » plutôt que comme un leader légitime.

Ce qui est certain, c’est que l’Afrique sera un acteur incontournable dans l’avenir de l’Église catholique. Que le prochain pape soit africain ou non, le dynamisme, la foi et la croissance démographique du continent pèseront de plus en plus sur les orientations globales du catholicisme.

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