Le magazine 60 millions de consommateurs, édité par l’Institut national de la consommation (INC), traverse une période économique difficile. Depuis plusieurs années, le titre fait face à une chute drastique de son nombre d’abonnés, passant de 140 000 en 2019 à 76 000 en 2024. Cette situation a conduit à un déficit récurrent sur sept ans, épuisant les ressources financières de l’INC.
Le cabinet de Laurence Garnier, secrétaire d’État à la consommation, a annoncé ce 18 novembre que l’État souhaite engager des démarches pour trouver un repreneur. L’objectif affiché est de doter le magazine de moyens et d’une expertise nouvelle afin d’attirer davantage de lecteurs et d’investir dans le numérique.
Un besoin d’investissements stratégiques
Le gouvernement met en avant la nécessité d’un repreneur capable d’assurer la pérennité du magazine. Ce dernier devra investir dans des outils numériques modernes et développer une stratégie marketing et commerciale efficace. Cette transformation vise à repositionner le magazine sur un marché où la presse papier rencontre des défis croissants face à l’essor des contenus numériques.
Cette évolution permettra également de réduire la charge financière pour l’État, une préoccupation importante dans un contexte de réduction des dépenses publiques. À ce titre, un rapport parlementaire de 2022 soulignait une baisse progressive des subventions allouées à l’INC, passées de 6,3 millions d’euros en 2012 à 2,7 millions d’euros en 2020.
Une décision contestée par les salariés
Les représentants des salariés de l’INC ont exprimé leur sidération face à cette annonce. Ils dénoncent une décision qu’ils jugent “désastreuse”, soulignant qu’elle affaiblirait considérablement une information indépendante et experte au service des consommateurs. Ils redoutent que cette cession laisse davantage de place aux contenus sponsorisés et aux fausses informations sur les problématiques liées à la consommation.
Dans un communiqué, les salariés regrettent que l’intérêt public, souvent non rentable financièrement, soit relégué au second plan. Ils s’interrogent également sur l’avenir de l’INC et de ses équipes, composées d’ingénieurs, juristes et économistes, qui travaillent depuis des années à garantir une information fiable et impartiale.
L’ancienne ministre Olivia Grégoire, qui avait soutenu un plan de relance pour le magazine, a exprimé son amertume face à la décision de l’État. Elle a rappelé les efforts menés pour obtenir un arbitrage favorable en faveur du titre et a adressé ses pensées aux salariés de l’INC, ainsi qu’aux consommateurs bénéficiant de leur expertise.
Selon elle, 60 millions de consommateurs représente un modèle d’information de qualité, offrant des garanties essentielles en termes de neutralité et d’indépendance. Ce magazine, lancé en 1970, a toujours été un outil clé pour informer et protéger les consommateurs français.
La situation du magazine s’inscrit dans un contexte plus large où les publications papier subissent une baisse continue de leurs audiences et abonnements. Les consommateurs privilégient de plus en plus les supports numériques, ce qui impose aux titres historiques de revoir leur modèle économique. Pour 60 millions de consommateurs, l’enjeu est désormais de trouver un repreneur capable de transformer cette crise en opportunité.