Marine Le Pen encourt 10 ans de prison

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Marine Le Pen, cheffe de file du Rassemblement national (RN), est au cœur d’un procès retentissant qui pourrait gravement compromettre ses ambitions politiques pour 2027. Accusée de détournement de fonds publics, elle est jugée aux côtés de 24 autres membres de son parti pour avoir détourné des fonds européens destinés à rémunérer des assistants parlementaires entre 2004 et 2016. Ce procès, qui se déroule à Paris, pourrait non seulement la conduire en prison mais aussi l’empêcher de briguer une nouvelle fois la présidence de la République.

L’affaire a été révélée par une enquête de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) en 2014. L’institution européenne a découvert que des fonds alloués aux députés européens du Front national (ancien nom du Rassemblement national) avaient été détournés. Concrètement, les fonds destinés à payer les assistants parlementaires auraient été utilisés pour financer des activités du parti en France.

Chaque eurodéputé bénéficie d’un budget de 23 392 euros mensuels pour rémunérer ses collaborateurs. Selon l’accusation, le RN aurait mis en place un système organisé pour détourner ces fonds. L’enquête a révélé que 7 millions d’euros auraient été utilisés de manière frauduleuse entre 2009 et 2017.

Marine Le Pen, qui a été mise en examen en 2017 pour « abus de confiance » et « complicité », voit désormais les charges pesant contre elle requalifiées en détournement de fonds publics. Elle n’est pas la seule figure emblématique du parti à être impliquée. Parmi les autres accusés figurent Louis Aliot, maire de Perpignan et ex-compagnon de Marine Le Pen, Julien Odoul, porte-parole du RN, ainsi que Bruno Gollnisch, un autre vétéran du parti. Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national, fait également partie des prévenus, bien qu’il ne puisse assister au procès en raison de son état de santé à 96 ans. En tout, 27 personnes sont impliquées dans cette affaire.

Le RN, en tant que personne morale, est également jugé pour avoir orchestré ce système de fraude. Si les accusations sont confirmées, cela pourrait avoir des conséquences financières désastreuses pour le parti.

Les peines encourues sont lourdes. Marine Le Pen risque jusqu’à 10 ans d’emprisonnement, une amende d’un million d’euros, et surtout, une inégibilité pouvant durer jusqu’à 10 ans. Une telle sanction serait un coup dur pour la leader du RN, qui espère jouer un rôle clé lors des élections présidentielles de 2027.

Cette affaire pourrait mettre fin à sa carrière politique, une perspective qui inquiète profondément son parti. Si elle est déclarée inéligible, elle ne pourra plus se présenter aux élections, ce qui laisserait un vide au sein du RN, un parti qui repose largement sur sa figure emblématique.

Le procès, qui a débuté le 30 septembre 2024, se tiendra pendant deux mois, jusqu’au 27 novembre. Chaque semaine, trois demi-journées d’audience sont prévues. L’enjeu est de taille, car le verdict pourrait non seulement déterminer l’avenir politique de Marine Le Pen, mais aussi avoir un impact significatif sur le Rassemblement national, qui reste l’un des principaux partis d’opposition en France.

Le Parlement européen, partie civile dans cette affaire, estime son préjudice à près de 7 millions d’euros. Il réclame 2 millions d’euros de dédommagements, après que le RN a déjà remboursé une partie des sommes dues.

Ce procès a également une dimension symbolique. Il illustre la lutte entre le RN, qui se présente souvent comme un parti « anti-système », et les institutions européennes, que le parti critique régulièrement. Pour le RN, cette affaire est une persécution politique visant à discréditer le parti et à affaiblir Marine Le Pen avant les échéances électorales majeures.

De son côté, Marine Le Pen se défend en affirmant qu’il s’agit d’une incompréhension entre le monde politique et le système judiciaire. Elle estime que les assistants parlementaires avaient effectivement pour mission de faire de la politique, ce qui justifierait, selon elle, les salaires payés par les fonds européens.

Les autres membres du parti ne sont pas en reste. Louis Aliot, Julien Odoul, et Bruno Gollnisch risquent également de lourdes peines. Ils sont accusés d’avoir participé à ce système de fraude en utilisant des fonds européens pour des activités partisanes en France. Ces accusations pourraient entacher leur carrière politique, voire les conduire à des peines de prison ou à des interdictions d’exercer des fonctions publiques.

Le procès pose la question de l’avenir du Rassemblement national. Si Marine Le Pen venait à être condamnée et déclarée inéligible, le parti devrait rapidement trouver un successeur capable de fédérer les militants. Jordan Bardella, actuel président du RN, pourrait alors jouer un rôle central dans la reconstruction du parti, mais remplacer Marine Le Pen, qui a consolidé sa base électorale au fil des années, ne sera pas chose aisée.

Ce procès pourrait également affecter l’image du parti aux yeux des électeurs. Le RN, qui cherche à se défaire de son image d’extrême droite radicale, risque de perdre une partie de son soutien populaire si les accusations de fraude sont confirmées.

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