Nicolas Sarkozy perd sa légion d’honneur

C’est une décision historique qui vient de tomber : Nicolas Sarkozy n’est plus membre de la Légion d’honneur. Après la confirmation de sa condamnation dans l’affaire des écoutes, l’ancien président de la République a été radié de l’ordre, tout comme de l’ordre national du Mérite. Ce retrait automatique crée une onde de choc dans le monde politique.
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Une exclusion automatique dictée par la loi

Le code de la Légion d’honneur est formel : toute personne condamnée à au moins un an de prison ferme est automatiquement exclue de l’ordre. Dans le cas de Nicolas Sarkozy, la condamnation à un an ferme pour corruption est devenue définitive en décembre dernier, après le rejet de son pourvoi en cassation.

Le général François Lecointre, grand chancelier de la Légion d’honneur, a signé l’arrêté officialisant cette radiation. Il ne s’agit donc pas d’une sanction politique mais d’une application réglementaire, sans intervention du président Emmanuel Macron, qui reste en dehors des exclusions automatiques.

Cette exclusion est directement liée à l’affaire dite « des écoutes », dans laquelle Nicolas Sarkozy a été reconnu coupable d’avoir tenté de corrompre un magistrat, Gilbert Azibert, en 2014. Son avocat, Thierry Herzog, a également été condamné. Les trois hommes ont écopé de trois ans de prison, dont un ferme, peine confirmée en appel.

En parallèle de cette affaire, l’ex-président est aussi impliqué dans d’autres procédures judiciaires, notamment celle du financement libyen présumé de sa campagne de 2007. Un jugement est attendu à la fin de l’année.

Une réaction mesurée, mais combative

Par la voix de son avocat Patrice Spinosi, Nicolas Sarkozy a fait savoir qu’il prenait acte de cette décision. Il souligne toutefois que la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) n’a pas encore statué sur son recours, et que l’issue de cette procédure pourrait rouvrir le dossier pénal… et donc, par effet domino, la question de son exclusion.

“Il n’a jamais fait de cette question une affaire personnelle,” a précisé son conseil. Pour l’ancien président, le combat est donc encore en cours, sur un autre terrain judiciaire.

Cette décision a provoqué un vif malaise chez Les Républicains, où de nombreuses figures dénoncent un traitement jugé “honteux”. Pour beaucoup, comparer Sarkozy à Pétain — seul autre chef d’État français à avoir perdu cette distinction — est perçu comme une insulte historique.

Le vice-président des Républicains, Othman Nasrou, a exprimé publiquement “son soutien et son respect” à Sarkozy, le qualifiant de “grand président”. Même ton du côté de la sénatrice Sophie Primas, porte-parole du gouvernement, qui a souligné que cette décision “ne relève pas du président Macron” et repose uniquement sur la loi.

Une légion d’honneur décernée en 1993

Remise par Jacques Chirac à l’époque, la Légion d’honneur avait été attribuée à Nicolas Sarkozy pour son rôle dans la gestion de la prise d’otages de Neuilly-sur-Seine en 1993, alors qu’il était maire. Son fils, Louis Sarkozy, a rappelé cet épisode en exprimant sa fierté : “Il n’y a aucune difficulté à être le fils de mon père. Il n’y a que fierté et honneur.”

En devenant le deuxième président français exclu de la Légion d’honneur, Nicolas Sarkozy entre malgré lui dans une catégorie à part. Le précédent remonte à 1945, avec la radiation du maréchal Pétain, après sa condamnation pour haute trahison.

Cette situation crée un précédent contemporain rare et soulève de nombreuses questions sur la symbolique des distinctions d’État, l’image des anciens chefs de l’État, et la frontière entre justice et mémoire collective.

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