Le retour surprise des géants du X
Depuis le 20 juin 2025, les sites Pornhub, YouPorn et RedTube ont rouvert leurs pages aux internautes français. Une décision du tribunal administratif de Paris a suspendu en urgence l’arrêté gouvernemental qui imposait un système strict de vérification d’âge. Cette mesure, jugée incompatible avec le droit européen, a permis à ces plateformes de lever leur propre blocage.
Pour l’instant, l’accès est à nouveau basé sur une simple déclaration de majorité : un bouton « J’ai plus de 18 ans » suffit pour consulter les vidéos. Aucun contrôle réel n’est mis en place, ce qui relance les critiques sur la facilité d’accès aux contenus pornographiques pour les mineurs.
La loi française remise en question
Depuis 2024, une loi impose aux sites X d’appliquer une vérification de l’âge robuste, incluant des documents d’identité ou une validation bancaire. Le groupe Aylo, propriétaire des plateformes concernées, a refusé d’appliquer cette mesure, invoquant un risque pour la vie privée des utilisateurs.
Un conflit juridique avec l’Union européenne
Le tribunal a pointé un « doute sérieux » sur la légalité de l’arrêté au regard de la directive européenne sur la libre circulation des services numériques. La France pourrait avoir violé ce principe en forçant les sites basés dans un autre pays européen (comme Chypre, pour Aylo) à suivre ses règles nationales.
Un appel est prévu devant le Conseil d’État
Le gouvernement a annoncé qu’il ferait appel de cette suspension devant le Conseil d’État. La ministre du Numérique, Clara Chappaz, s’est dite « pleinement déterminée » à imposer la régulation. Le débat reste donc ouvert, et ce retour de Pornhub pourrait n’être qu’une parenthèse.
Les conséquences pour les utilisateurs et les créateurs
Cette ouverture temporaire a un impact direct sur les créateurs de contenu, dont l’activité avait chuté avec la fermeture des plateformes. Pour beaucoup d’entre eux, Pornhub est une vitrine essentielle, notamment pour gagner en visibilité avant de proposer du contenu payant sur d’autres plateformes comme OnlyFans.
Certains créateurs redoutent que le trafic ne migre vers des sites moins encadrés, voire illégaux, où la modération est inexistante. Des applications comme Telegram sont déjà pointées du doigt pour héberger du contenu problématique, sans contrôle ni vérification.
Un enjeu de société majeur
Chaque mois, plus de 2 millions de mineurs consulteraient des sites pornographiques en France. Selon plusieurs études, une large majorité des vidéos contiennent des scènes de violence physique ou sexuelle. L’enjeu de la régulation est donc fondamental, autant pour protéger les plus jeunes que pour encadrer l’activité économique du secteur.
Des plateformes comme OnlyFans ou MYM mettent déjà en place une vérification d’identité pour accéder aux contenus adultes. Cela prouve qu’il est possible de conjuguer modération, anonymat et sécurité pour un Internet plus responsable.
