Taf dès la maternelle ? Le plan d’Élisabeth Borne

Lors d’une interview accordée à LCP le 7 avril, Élisabeth Borne, actuelle ministre de l’Éducation nationale, a lancé une petite bombe dans le débat éducatif. Selon elle, les élèves doivent être sensibilisés à leur orientation professionnelle « très jeunes, presque depuis la maternelle ».
enfant orientation maternelle

Pour la ministre, il s’agit d’intégrer la question du futur métier dès le début du parcours scolaire. Elle ne parle pas de choisir un métier à 5 ans, mais de commencer à réfléchir à ses intérêts, ses compétences et à découvrir le monde professionnel très tôt.

Ce positionnement s’inscrit dans une volonté de rendre l’orientation plus efficace et plus équitable. Élisabeth Borne veut « améliorer Parcoursup » plutôt que le supprimer, tout en reconnaissant qu’il faut « faciliter les réorientations » pour les élèves qui se découvrent plus tard.

Cette sortie a fait bondir plusieurs syndicats enseignants et spécialistes de l’éducation. Beaucoup dénoncent une vision utilitariste de l’école, qui ferait de l’enfant un futur salarié avant de lui laisser le temps de se construire.

La maternelle est censée être un lieu d’éveil, de jeu, de socialisation. Introduire des logiques de projection professionnelle dès cette étape interroge sur les intentions réelles du gouvernement. Pour certains, c’est une façon de légitimer les réformes successives qui orientent les enfants des classes populaires vers des voies courtes et précaires dès le plus jeune âge.

Ce discours s’inscrit dans une tendance plus large : celle d’une école qui trie les élèves tôt, notamment à travers les réformes des lycées professionnels, l’alternance dès la 5e ou la généralisation des stages. Tout cela participe à une orientation de plus en plus précoce, et donc à une reproduction des inégalités sociales.

Les enfants de familles bien informées s’en sortent mieux. Ils savent jouer avec les codes, anticiper les attendus, et bénéficient souvent d’un environnement qui valorise les études longues. À l’inverse, les autres sont rapidement canalisés vers des métiers dits « en tension », souvent difficiles, mal payés, et peu valorisés.

Faut-il initier les enfants aux réalités du monde professionnel dès le plus jeune âge ? Ou leur laisser le temps de rêver, d’explorer, sans pression ? La question mérite d’être posée, mais dans tous les cas, les propos d’Élisabeth Borne ont mis en lumière un fossé de plus en plus visible dans les visions de l’éducation.

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