Taha Oualidat, jeune Marocain de 22 ans, principal suspect dans l’affaire du meurtre de Philippine, a accepté d’être extradé vers la France après une première décision de refus. Arrêté à Genève en septembre dernier, Oualidat avait dans un premier temps manifesté son opposition à l’extradition lors d’une audience le 16 octobre, provoquant des craintes sur la durée et la complexité de la procédure. Mais, selon les déclarations de son avocate, Maître Florence Yersin, le suspect a finalement décidé d’abandonner cette voie pour « avancer dans la procédure française ».
Que s’est-il passé ?
Philippine, étudiante de 19 ans, avait été retrouvée enterrée dans le bois de Boulogne le 21 septembre 2024. Sa disparition avait été signalée la veille par sa sœur, après que Philippine n’avait plus donné de nouvelles suite à un déjeuner à l’université Paris Dauphine, où elle était inscrite. Les autorités avaient alors tracé son téléphone, localisé pour la dernière fois dans le bois de Boulogne, où son corps a été découvert. Ce meurtre avait suscité une vive émotion en France et ravivé des débats sur la sécurité.
Une extradition acceptée après plusieurs échanges
Arrêté à Genève le 24 septembre, trois jours après le meurtre présumé, Taha Oualidat avait initialement refusé d’être transféré vers la France. Cependant, après plusieurs échanges avec son avocate, il a changé d’avis le 29 octobre, permettant aux autorités suisses et françaises de coordonner son retour. Me Yersin a confié aux médias que son client avait choisi de « ne pas retarder davantage la procédure française ». Elle a également précisé qu’il était conscient de la possibilité de recours, mais qu’il souhaitait désormais avancer dans le cadre judiciaire français.
Le passé de Taha Oualidat en France révèle un parcours semé de démêlés judiciaires et de non-respect des obligations administratives. Arrivé en 2019 depuis l’Espagne avec un visa touristique, il s’installe alors dans le Val-d’Oise, pris en charge par l’aide sociale à l’enfance. Rapidement impliqué dans une affaire de viol sur une jeune femme à Taverny, il est arrêté grâce à des éléments ADN, puis condamné à sept ans de prison. Après environ cinq ans de détention, il est libéré sous conditions en 2024 et placé en centre de rétention administrative à Metz, avant de faire l’objet d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF). Cependant, Oualidat ne respecte pas son assignation à résidence, échappant aux contrôles, et est ainsi recherché par les autorités françaises.
Ce retournement de décision de la part de Taha Oualidat intervient alors que l’affaire Philippine est devenue un sujet de débat public et politique en France. La séquence des événements ayant mené à son évasion et son implication présumée dans une nouvelle affaire criminelle ont soulevé des questions sur l’efficacité des mesures administratives, telles que les OQTF, et leur suivi. Les réactions politiques se sont multipliées, interpellant les institutions françaises sur leur capacité à prévenir et à gérer de tels incidents.
La décision d’accepter l’extradition ouvre la voie à un retour rapide de Taha Oualidat en France. Les autorités suisses et françaises, via l’Office fédéral de la justice en Suisse, travaillent à la coordination du transfert. Selon Maître Yersin, l’objectif est de faciliter l’avancement de la procédure judiciaire en France, où Oualidat sera confronté à des chefs d’accusation liés au meurtre de Philippine.