Le meurtre de Philippine, une étudiante de 19 ans retrouvée morte dans le bois de Boulogne à Paris, suscite une vive indignation. Le principal suspect, Taha Oualidat, n’est pas un inconnu de la justice. Déjà condamné pour viol en 2019, son implication dans ce nouveau crime met en lumière les failles du système judiciaire et administratif.
Un passé criminel lourd à l’âge de 22 ans
Taha Oualidat, de nationalité marocaine, a été condamné en 2021 à sept ans de prison pour un viol commis en 2019 dans un bois de Taverny (Val d’Oise). Lors de ce crime, sa victime, une femme, avait été agressée alors qu’elle se promenait dans un chemin forestier. Oualidat l’avait alors traînée dans un sous-bois pour la violer, lui infligeant un calvaire. Ce mode opératoire semble tristement similaire à celui employé pour le meurtre de Philippine.
Libéré en juin 2024, Oualidat se trouvait alors sous le coup d’une Obligation de Quitter le Territoire Français (OQTF), un ordre qui l’enjoignait à quitter la France. Pourtant, trois mois avant le meurtre de Philippine, il avait été relâché d’un centre de rétention administrative à Metz (Moselle) et assigné à résidence, en attendant son expulsion. Cette décision a suscité l’incompréhension, d’autant plus que plusieurs responsables politiques et judiciaires avaient alerté sur le risque de récidive.
Le 20 septembre 2024, le corps de Philippine, étudiante à l’université Paris Dauphine, est retrouvé enterré dans le bois de Boulogne, près de Paris. Disparue depuis la veille, sa famille avait signalé son absence, ce qui a déclenché une battue dans la région. Rapidement, les autorités identifient Taha Oualidat comme le principal suspect. Il est localisé grâce à l’analyse de sa téléphonie, ainsi que par des images de vidéosurveillance le montrant en train de retirer de l’argent avec la carte bancaire de la victime. Il sera finalement arrêté en Suisse, à la gare de Genève.
Les critiques fusent à l’encontre de la justice, notamment après que la juge des libertés et de la détention (JLD) a refusé de prolonger la rétention de Oualidat début septembre 2024. Selon l’ordonnance de rejet, aucun comportement récent ne justifiait une menace ou un trouble à l’ordre public. Cette décision est aujourd’hui vivement contestée, surtout à la lumière du meurtre de Philippine. Beaucoup estiment qu’il s’agit d’une erreur judiciaire, qui aurait coûté la vie à une jeune femme.
Une affaire qui relance le débat sur la sécurité
Cette tragédie relance le débat sur l’efficacité des OQTF et sur la manière dont les récidivistes sont traités par la justice. De nombreux responsables politiques, à droite comme à gauche, dénoncent une chaîne pénale et administrative défaillante. Taha Oualidat, malgré son passé criminel, a pu être relâché en liberté, ce qui a mené à la mort de Philippine. Cette affaire met en lumière l’urgence d’une réforme du système judiciaire pour mieux encadrer les personnes sous le coup d’une expulsion et éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.
Face à l’émotion suscitée par cette affaire, plusieurs voix appellent à une réforme en profondeur du traitement des criminels récidivistes et des étrangers sous OQTF. La mort de Philippine a mis en lumière les failles d’un système qui n’a pas su anticiper le danger. Les débats politiques sont vifs, et de nombreuses personnes demandent que justice soit rendue pour Philippine et que des mesures concrètes soient prises pour protéger les victimes potentielles à l’avenir.